Le couperet est tombé le 8 mars 2022. « Avec ma mère, nous avons un sentiment à la fois d’injustice et de désespoir », confie Vincent Verschuere à La France Agricole. Cet éleveur vient d’être condamné en appel par le tribunal d’Amiens à verser à six riverains, des indemnités de dommages et intérêts et leurs frais d’avocats, le tout pour un montant de 120 000 €.
Un bâtiment construit en bonne et due forme
Cette décision confirme le jugement en première instance de 2018 du tribunal de Beauvais. Ses voisins lui reprochaient les nuisances sonores et olfactives de son élevage bovin, lorsque les animaux sont dans un bâtiment pourtant construit avec un permis de construire en bonne et due forme. Le jeune éleveur de Saint-Aubin-en-Bray (Oise) se bat depuis dix ans pour faire valoir sa bonne foi dans ce dossier.
« Le tribunal m’impose en plus de “trouver une solution technique” pour réduire les nuisances dont se plaignent mes voisins, indique-t-il. Je n’ai ni l’argent pour les dédommager, ni les moyens de loger mes vaches ailleurs. C’est mon exploitation complète qui est condamnée. »
Une cagnotte Leetchi
« Le jugement a été rendu bien qu’il soit en règle et malgré la nouvelle loi (1) censée protéger les éleveurs, regrette Regis Desrumaux, président de la FDSEA de l’Oise. C’est une douche froide, tout le monde est abasourdi. Il ne resterait éventuellement que la cassation. Nous sommes en train d’étudier avec les avocats, s’il peut y avoir un recours. » Le syndicat Jeunes Agriculteurs de l’Oise a, de son côté, mis en ligne une cagnotte Leetchi le 12 mars, pour venir en aide à Vincent Verschuere.
En décembre 2021, plus de 300 agriculteurs et élus avaient manifesté pour soutenir Vincent dans cette épreuve. « On ne voulait pas de la ferme des 1 000 vaches à 70 km d’ici. On ne veut pas d’un élevage familial au cœur d’un village… De quel élevage veut-on ? s’interroge le jeune éleveur. Peut-être n’en veut-on plus du tout en France ? J’invite Julien Denormandie à venir sur mon exploitation, je l’accueillerai les bras ouverts. »
(1) Loi 2021-85 du 29 janvier 2021 qui vise à protéger le patrimoine sensoriel des campagnes françaises.