«Satisfaisante », « très bonne », voire « exceptionnelle ». Partout en France, le constat est le même : la moisson 2019 est un bon millésime en céréales. Les parcelles qui restaient à battre dans le Nord à l’heure du bouclage ne devraient pas changer la donne. Bien que de fortes chaleurs aient pu gêner l’avancement des travaux (lire l’encadré), la récolte s’est globalement déroulée de manière fluide, en suivant le rythme de la maturité des cultures. Après deux années précoces, elle a débuté dans une période qui correspond à la moyenne. Dans certaines zones (Pays de la Loire, Auvergne, Île-de-France), elle s’est terminée avec quelques jours d’avance.

En blé tendre, les opérateurs en régions font part de rendements supérieurs à la moyenne : 75-77 q/ha en Bretagne, 68 q/ha en Rhône-Alpes, 80 q/ha dans le Centre, 90-95 q/ha en Champagne crayeuse. « La sécheresse nous a peut-être fait perdre quelques quintaux mais le potentiel initial était très bon », indique un responsable de collecte. Agritel estime la récolte française de blé tendre à 39,17 Mt, soit + 14,9 % par rapport à 2018. « C’est la deuxième meilleure récolte enregistrée dans l’Hexagone depuis 2015 », annonce Michel Portier, directeur général du cabinet. Globalement, la pression maladies et ravageurs a été faible.

Jusqu’à 130 q/ha

Ces moyennes hautes cachent souvent des disparités assez fortes, les rendements pouvant s’étaler de 50 q/ha à plus de 100 q/ha (jusqu’à 130 q/ha en Picardie, avec certaines moyennes « agriculteur » qui atteignent 103 q/ha). Le manque d’eau a en revanche marqué les petites terres. Dans le centre et le nord de l’Allier, par exemple, la moisson a été « très mauvaise, avec la moitié de la récolte habituelle ».

« Avec de tels rendements, on s’attendait à une dilution des protéines », s’inquiétait un opérateur. Dans la moitié est de l’Hexagone, il n’en est rien, avec des taux de protéines supérieurs ou égaux à 11,5 %, jusqu’à 12 % en Rhône-Alpes. Plus à l’ouest, en revanche, on note des taux régulièrement inférieurs à 11 %, voire 10 %. Un travail avec des lots de blés améliorants (13 à 15 % de pro­téines) est nécessaire. Les poids spéci­fiques (PS) sont, eux, satisfaisants de manière homogène. « Assez élevés » à « très élevés », ils sont régulièrement supérieurs à 80 kg/hl, et même jusqu’à 85 kg/hl en Midi-Pyrénées et dans l’Île-de-France­.

En Bretagne, un opérateur signale un fort taux de grains cassés, à cause des fortes chaleurs et de la vitesse trop élevée des machines.

En blé dur, « l’année est à marquer d’une pierre blanche », avec de très bons rendements, notamment dans le centre de la France (76-80 q/ha) et aucun problème de qualité (14 % de protéines, PS à 81,5 kg/hl). Plus au sud, la pro­duction est « dans la moyenne » à « très bonne », sans mitadinage, grains cassés ou mouche.

Les orges d’hiver au top

En orge d’hiver, les rendements sont bons à excellents, généralement supérieurs à 70 q/ha, hors terres séchantes. «Les orges de printemps semées à l’automne sont exceptionnelles», note un responsable de collecte dans l’est de la France. Calibrage (supérieur à 80 %, voire 90 %), PS et protéines : la qualité est également au rendez-vous. La cé­réale a globalement peu souffert de la cani­cule. Quelques anomalies ont été détectées en Bretagne dans les fonds de parcelles, « peut-être dues au froid lors de la méiose ».

En orge de printemps, le constat est plus nuancé. Certes, les rendements sont bons à très bons, avec des situations « rarement connues » (75 q/ha en Picardie, contre 65 q/ha habituellement ; 90 q/ha en Normandie, avec des zones à plus de 100 q/ha). Mais les opérateurs relèvent un phénomène de dilution des protéines assez généralisé, avec des taux sous le seuil de commercialisation (entre 9 et 9,5 %). « Le manque d’eau et la canicule en fin de cycle ont eu un effet certain sur cette culture », conclut un technicien. En coopérative, le travail d’allotement est un point de vigilance­.

La récolte de céréales semble également satisfaisante en production biologique.

Des pois en forme

Les résultats sont bons à très bons également­ en pois, malgré une floraison parfois concomitante avec la canicule. Les rendements moyens s’échelonnent entre 30 q/ha (en Auvergne) et 50-60 q/ha (en Midi-Pyrénées). Les bruches ont été discrètes cette année.

Les regards sont maintenant tournés vers la collecte d’automne, qui devrait se révéler plus compliquée, en conséquence de la sécheresse et des restrictions d’irrigation.

La rédaction