La phase expérimentale a pour objectif d’évaluer la viabilité économique, les conséquences sur le réseau d’abattoirs existant et l’impact sur le bien-être animal des dispositifs d’abattage mobiles. Les éventuelles difficultés d’application de la réglementation européenne seront également identifiées.
Bientraitance animale et bien-être paysan
« L’abattage mobile, et plus globalement l’abattage de proximité, sont des dossiers que nous défendons depuis un long moment, introduit Nicolas Girod, le secrétaire national de la Confédération paysanne, lors d’une conférence de presse le 5 juillet 2018. Nous souhaitons pouvoir nous réapproprier l’abattage pour une question de bientraitance animale mais aussi de bien-être paysan, puisque cela nous permet de retrouver du sens à notre métier, en allant jusqu’au bout. »
Les 8 intervenants ne se montrent pas particulièrement inquiets en ce qui concerne le respect des obligations sanitaires et d’hygiène. Ils en sont convaincus. Pour eux, l’abattoir mobile va dans le sens de la demande citoyenne, joue un rôle positif sur la qualité de la viande et participe au développement économique des territoires, en renforçant le maillage des outils d’abattage.
Une autre image de l’abattage
« C’est une façon de donner une autre image de l’acte d’abattage, de le sortir de l’anonymat et de l’opacité des abattoirs industriels », explique Antoine Ponton, éleveur de bovins allaitants dans la Mayenne. Avec quatre autres éleveurs, il souhaite expérimenter un caisson d’abattage mobile. « Nous travaillons avec des abattoirs prestataires de service sensibles à notre démarche », ajoute-il. Toutefois, selon un autre éleveur, « il faut faire vite car les outils de proximité subissent des pressions importantes pour les dissuader de s’engager dans toute démarche de ce type ».
Une quinzaine de projets
Concernant l’adoption définitive du principe d’expérimentation (article 13 de la loi sur l’agriculture et l’alimentation), Nicolas Girod se veut confiant, l’Assemblée nationale et le Sénat s’y étant montrés favorables.
Une quinzaine de projets sont aujourd’hui en cours, et pourraient voir le jour une fois le décret d’application publié. « Le bœuf éthique » vise à proposer une solution d’abattoir mobile (l’intégralité de la chaîne d’abattage est contenue dans plusieurs remorques). D’autres collectifs ont opté pour des caissons d’abattage (seule la mise à mort et la saignée sont réalisées à la ferme, les étapes suivantes se font dans un abattoir fixe partenaire).