Deux ans et demi après la diffusion de vidéos de l’asso­ciation anti-élevage L214 sur l’abattoir du Boischaut, situé à Lacs (Indre), le jugement vient de tomber. La communauté de communes de La Châtre et Sainte-Sévère, gestionnaire à l’époque, a été condamnée à une peine de 86 000 euros, pour atteinte à l’environnement et à la salubrité, et deux employés ont été sanctionnés.

 

À lire aussi :« Si je ne trouve pas d’autre abattoir, j’annule mes ventes » (05/11/2018)

 

Sur le terrain, la page est tournée. L’outil a été repris par des éleveurs et des bouchers. Des travaux ont été effectués à hauteur de 360 000 euros et une nouvelle équipe de quinze salariés est en place. Les images de L214 ont permis la mobilisation de tous les acteurs, comme l’explique Ludovic Breuillault, éleveur et président du collectif : « Nous avons pris conscience de l’importance de cet outil. Une trentaine d’éleveurs l’utilisent pour la vente directe et près de 400 livrent un grossiste. Sans abattoir, plus d’élevage. »

 

À lire aussi :La condamnation de l’abattoir du Boischaut déçoit L214 (08/04/2021)

Une Scic pour un ancrage local

Après le choc, un collectif rassemble des éleveurs, des bouchers, des représentants de tous les syndicats agricoles, l’Adar Civam et le Groupement de défense contre les maladies des animaux (GDMA). Ensemble, ils créent une société coopérative d’intérêt collectif (Scic). Ce statut, fondé sur le principe « un homme, une voix », permet de garder la valeur ajoutée sur le territoire.

 

« Le collectif a choisi que la totalité du résultat soit affecté aux réserves impartageables, pour réinvestir dans l’outil », explique Christophe Tholoniat, directeur du service élevage à la chambre d’agriculture. Cette forme coopérative rassure banquiers et partenaires.

 

Aujourd’hui, toutes les chaînes d’abattage (bovin, porcin, et ovin) sont opérationnelles et le tonnage est proche de celui avant l’arrêt, avec un objectif de 3 000 t en 2021. « On a réussi le pari de la réouverture de l’abattoir, lance Arnaud Labesse, éleveur et président de la Scic. Maintenant, il faut le développer au grand jour, en lien avec la restauration collective et la grande distribution. »

Aude Richard