En cette fin novembre, vingt-six broutardes de l’élevage de Lionel Christophe, à Marieulles, en Moselle, seront enlevées et commercialisées via le contrat Prim’Herbe. Celui-ci répond à un cahier des charges précis et a été proposé par la coopérative de l’éleveur, Lorca, sollicitée par le groupe Carrefour. « J’ai souscrit ce contrat pour deux raisons, explique Lionel. Pour la plus-value, bienvenue dans un contexte qui reste difficile en matière de rémunération pour nous producteurs. Et parce que la démarche colle à la demande sociétale, qui est de consommer local. »

Et Pascal Kardacz, responsable élevage chez Lorca, d’expliquer : « Sur chacun de ses contrats, Carrefour s’engage à l’avance sur un prix et un volume, ce qui offre une visibilité à long terme. Le prix de vente est donné à la mise en place de l’animal à l’engraissement. »

14 mois minimum

Lionel Christophe est en EARL sur 303 ha, dont 210 ha de cultures de vente, le reste en prairies. L’élevage, naisseur-engraisseur, est constitué d’un troupeau de 85 mères allaitantes : une cinquantaine de charolaises et une trentaine de salers. Les broutards mâles sont vendus à l’âge de 9 à 10 mois. Les femelles qui ne sont pas gardées pour le renouvellement sont aussi engraissées. « Une partie de mes broutardes partaient en Italie, précise l’éleveur. C’est un débouché compliqué depuis le printemps. L’alternative proposée par ma coopérative était donc, là aussi, intéressante. »

Les babynettes auront 14 mois minimum à l’enlèvement et devront peser aux alentours de 300 kg, un créneau de poids impératif dans le contrat (lire l’encadré). « Cela exige un bon suivi de la croissance et d’ajuster la ration au mieux, souligne Lionel. Une première pesée est réalisée au sevrage, une deuxième à l’âge de 12 à 13 mois, et une dernière peu de temps avant le départ. Les calculs de la ration sont établis pour une croissance à 1 200 g par jour. »

Au moins 35 % d’herbe

Le cahier des charges prévoit une alimentation composée d’au moins 35 % d’herbe issue de l’exploitation, et au maximum 10 % de concentrés du commerce. Elle ne doit contenir ni OGM, ni huile de palme. Dans l’élevage de Lionel, la ration journalière des broutardes en période d’engraissement se compose d’ensilage d’herbe à volonté, 0,5 kg de paille, 1,5 kg de correcteur azoté, 2,2 kg d’orge aplatie et 100 g de minéraux.

Les pesées restent les opérations les plus gourmandes en temps, car le bâtiment n’est pas suffisamment équipé en termes de contention. « Les bêtes sont un peu perturbées, explique l’éleveur. Elles doivent passer par des endroits qui leur sont inhabituels. Installer le matériel, peser les animaux, puis désinstaller me prend une demi-journée, avec l’aide de mon frère et de mon père. »

D’après les calculs établis par Lorca élevage, la vente du lot Prim’Herbe permettra de dégager, par animal, une marge brute de 260 € pour 205 jours de présence.

Dominique Péronne