« Je me suis installée en 2022 seule en créant un élevage de chèvres bio et un atelier de transformation, se souvient Marion Coulombel, associée de l'EARL « Label Chevrerie » à Ailly-sur-Noye (Somme). Mon mari m’a rejoint au début de 2023 après avoir quitté son travail de commercial en nutrition animale. Nous fabriquons cinquante produits différents (fromages, yaourts et glaces). Les ventes ont très vite décollé après que nous avons remporté, peu de temps après le début de notre activité, une médaille d’or à un concours régional pour nos glaces. Cela a été rapidement la course car plus ça marche, plus on a envie que ça marche !
Depuis deux ans, de février à novembre, nous travaillons chacun quatre-vingts heures par semaine. Même si, auparavant, j’avais une vie professionnelle très dense en tant que cadre dans le marketing, le travail à la ferme s’est révélé trop important. Il ne fallait pas que la cellule familiale éclate au profit d’un projet qui a pourtant du sens pour nous. Nous voulions être davantage présents pour notre fille de trois ans.
Ouverture vers l'extérieur
Pour autant, pas question d’embaucher car il faudrait avoir des chèvres en plus, ni de fermer le magasin à la ferme. Même s’il n’est ouvert que six heures par semaine, j’aime bien me confronter directement aux clients et pas uniquement aux responsables des quarante points de vente qui référencent nos produits. J’ai aussi à cœur d’ouvrir les portes de la chèvrerie dans le cadre de Bienvenue à la ferme, à des enfants en situation de handicap par exemple. C’est une ouverture vers l’extérieur dont j’ai besoin même si cela prend du temps en plus.
Nous avons donc réfléchi pour avoir de meilleures conditions de travail. La fromagerie, trop petite pour transformer le lait de nos 59 chèvres, a été agrandie. Nous avons acheté un matériel plus efficace pour la production de yaourts. Nous avons aussi revu notre organisation en diminuant la présence sur les marchés le dimanche, même si cela ne plaît pas à tout le monde. Nous avons trouvé d’autres débouchés, nous rentrons plus tard en semaine car nous faisons des livraisons plus loin. Mais désormais nous soufflons le dimanche. »