Agricultrice dans la Sarthe, à La Chapelle-Saint-Rémy, Corinne Rottier, 54 ans, est aussi administratrice de la FRCuma Ouest et référente du dossier sur le sexisme et le harcèlement. Confrontées à des propos sexistes, « les femmes de ma génération ne disaient généralement rien, confie-t-elle. Aujourd’hui, la situation est différente : les jeunes qui s’installent et s’engagent au sein des Cuma ne tolèrent tout simplement pas de tels mots ou de tels comportements. Pour autant, lorsqu’elles doivent faire face, la plupart sont démunies, elles ne savent pas quoi dire, ni comment réagir. »
Posture et mots choisis
Pour les aider, la FRCuma Ouest a organisé, au début de septembre, pour la première fois, une formation à l’autodéfense verbale. La session s’est déroulée en visioconférence, pendant une demi-journée. Une dizaine d’exploitantes l’ont suivie, la plupart installées en Bretagne et dans les Pays de la Loire, mais aussi dans la Seine-Maritime, l’Isère, l’Aude ou encore la Haute-Vienne. En alternant théorie et mises en situation, chacune a pu prendre ses repères. « Parce que nous avons toutes notre sensibilité, il est important de repérer ce qui est vraiment une agression », explique Corinne Rottier.
Quant à la répartie, elle s’exprime autant par la parole que par la posture. Face à l’agression, « il faut rester droite, bien campée sur ses deux jambes et surtout ne pas se replier ou renvoyer une image chétive », souligne Corinne Rottier. Lorsque les mots manquent, ne sortent pas, il reste encore ces phrases « prêtes à l’emploi » comme : « Moi, je n’entre pas dans ce débat-là. » Une autre manière consiste à reformuler ce que la personne vient de dire et d’y ajouter son ressenti. « Ce que tu as dit me met mal à l’aise », par exemple.
La FRCuma Ouest prévoit de renouveler cette formation. À la fin de septembre, dans le cadre du salon Méca’Innov, elle a également proposé un débat sur l’accueil des femmes et des jeunes dans les Cuma. Sur ces questions, « nous devons progresser. En particulier, soutenir les femmes qui s’installent seules, parce qu’elles sont encore plus exposées au sexisme », rappelle Corinne Rottier.