« Que deviennent les veaux issus de l’industrie laitière ? » La question de L214 au début de son communiqué de presse diffusé ce 15 octobre 2019 ne laisse planer aucun doute sur le ton que l’association anti-élevage adoptera dans cette nouvelle vidéo. Elle y fait parler une personne présentée comme un ancien salarié de l’entreprise devenu un « lanceur d’alerte ». Sans bien sûr permettre de vérifier qu’elle peut bien se prévaloir de ce statut de lanceur d’alerte.
Témoignage anonyme
« J’ai fait plusieurs années dans le milieu de la viande en Bretagne, principalement en tant qu’acheteur de veaux, témoigne celui qui est présenté comme un ancien salarié et qui témoigne à contre-jour dans la vidéo pour ne pas être identifié. Et ce que j’ai vu dans ce milieu, vous ne le croiriez pas. J’ai été profondément dégoûté. J’ai longuement hésité à appeler L214, mais je ne supportais plus de voir ça et d’y participer. »
Dans cette vidéo et comme elle l’a fait pour les abattoirs, L214 montre des images avec des salariés dont les gestes peuvent paraître violents envers les jeunes animaux. Ces images présentées auraient été réalisées entre « juillet et octobre 2019 dans un centre de tri et trois élevages de veaux du Finistère appartenant à l’entreprise Laïta ». L214 n’oublie évidemment pas de citer certaines des marques phares de Laïta que sont Mamie Nova et Paysan Breton.
Sous une lumière blafarde
Le témoin de L214 s’attarde sur les conditions de vie des veaux, et en particulier sur l’euthanasie de certains d’entre eux. « Ici, la douceur et le bien-être animal sont restés à la porte, affirme le témoin. Il y a des veaux qu’on met à part pour les tuer ensuite. Le vétérinaire passe en fin de semaine pour les piquer. Ce sont des veaux viables mais ils ont soit une maladie, soit ils sont trop maigres. Et cela coûterait trop cher de les engraisser. »
Sinon, la communication de L214 s’appuie sur les clichés habituels pour émouvoir les consommateurs : ceux d’animaux qui ne verront « jamais les champs car ils sont cachés dans des fermes intensives ». Chaque mot a son importance pour donner de l’élevage une image négative, montrant des animaux dans des cases individuelles ou collectives, avec une lumière blafarde sans jamais dire si ces modes de logement respectent bien la législation en vigueur.
Le bien-être animal comme alibi
Le tour de piste ne serait pas complet sans quelques mots sur les conditions sanitaires de ces veaux « séparés de leur mère dès la naissance, [et] engraissés dans des bâtiments sordides [sur] le sol ajouré, bétonné et sale […] source d’inconfort, voire de blessures ». Sans oublier de citer des « maladies comme la teigne » ou le fait que ces veaux « sont anémiés et souffrent de graves troubles digestifs ».
Cette vidéo permet à L214 de remettre en avant son appel contre l’élevage intensif lancé en septembre « et signé par 100 000 personnes dont 200 personnalités », parmi lesquelles le boucher Hugo Desnoyer. Une tribune qui, sous couvert de défendre le bien-être animal, n’est qu’un nouvel appel aux dons et à « une végétalisation d’ampleur de l’alimentation en restauration collective publique ou privée ».
Ouest élevage réagit
Dans un communiqué diffusé ce 15 octobre, Ouest élevage, qui assure le suivi du centre de tri et des trois élevages de veaux dans lesquels L214 affirme avoir tourné ces images, dit « comprendre que certains gestes et images puissent choquer ». Il les qualifie d’« inacceptables », condamnant « fermement les coups portés aux veaux et nous pouvons vous assurer que ces gestes vont à l’encontre des consignes données ».
L’entreprise ajoute qu’elle conduit « des investigations sur le site du centre de tri pour prendre les mesures adaptées afin que ce comportement ne se reproduise pas ». Concernant l’euthanasie des veaux « pratiquée par un vétérinaire », elle rappelle que « cette pratique est strictement encadrée sous contrôle et diagnostic vétérinaires ». Et que les animaux « morts […] sont mis à l’écart dans un bac fermé », « bac […] volontairement ouvert par les militants pour filmer. »
Enfin, Ouest élevage souligne que, « les images sont réalisées, de nuit […] lors d’intrusions illégales, et montées de manière à créer un climat anxiogène en vue d’instrumentaliser l’émotion du public. […] Dans ans une démarche de progrès, […] nous allons renforcer les contrôles sur nos sites afin que les règles de bientraitance soient respectées et contrôlées dans la plus stricte observance de la charte interprofessionnelle des bonnes pratiques d’élevage. »