Le 22 mai 2024 à Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche), 121 bovins et 33 équins ont pris possession des 62 hectares du marais communal de Selsoif dont 20 ha certifiés bio. Cartes roses et certificats sanitaires sont les laissez-passer indispensables fournis par les neuf éleveurs bénéficiant de ce pâturage collectif.

Avec une semaine de retard du fait de la pluviométrie, Josiane Hairon, adjointe en charge de l’agriculture, savoure la journée ensoleillée. Celle-ci marque l’aboutissement de plusieurs semaines de préparation pour définir le nombre d’animaux apportés par chacun. « Nous privilégions les éleveurs de la commune au nombre de six cette année », précise l’agricultrice.

Vaches de réforme, génisses laitières et allaitantes arrivent à tour de rôle dans un ballet des bétaillères. Les éleveurs doivent fournir la preuve des statuts indemnes de BVD (diarrhée virale des bovins) et d’IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine). Cette année, une attestation de traitement insecticide est exigée face à la MHE (maladie hémorragique épizootique) dont la zone régulée est à proximité du sud de la Manche.

Rendre service aux éleveurs

À l’heure de la mise au marais, « il y a de l’herbe sur pied et elle poussera tout l’été », souligne Josiane Hairon. Depuis sa prise de fonction en 2019, elle veille à un chargement suffisant avec 1,2 UGB par hectare. La présence de chevaux contribue à maîtriser la prolifération des joncs. « La commune aurait pu prendre l’option de louer le marais, mais le pâturage collectif permet de rendre service à plusieurs éleveurs », poursuit l’élue. Chacun s’acquitte de 76 € par bovin et 84 € par équin. Des tarifs sont majorés de 15 % pour les éleveurs hors commune. La collectivité perçoit des MAEC (mesures agro-environnementales et climatiques) qu’elle reverse aux éleveurs, soit environ 36 € par animal.

Dans le marais de Selsoif, les éleveurs restent responsables de la surveillance de leurs animaux. Les agents communaux passent une fois par semaine pour vérifier les clôtures et les abreuvoirs approvisionnés par la Douve. L’accès à cette rivière est clos pour éviter les accidents. Les pêcheurs, randonneurs et chasseurs veillent également. Les animaux entrés au marais ce 22 mai devront le quitter le 15 novembre au plus tard. Ils n'y seront plus quand celui-ci « blanchira », selon l'expression qui désigne les marais inondés du Cotentin et du Bessin.