"Les premières aubracs sont arrivées sur l’exploitation en 2004 : quatre génisses pleines, sept velles d’un an et un taureau achetés au Gaec Bos Alric et Fils dans le Cantal", expliquent Annie Dorat et son fils Yannick, associés en Earl dans l’Allier. Leur exploitation comprend deux sites, dont un de 180 ha sur la commune de Charmes consacré aux cultures avec des céréales, du maïs grain, du tournesol. 20 ha luzerne, 10 ha de méteil (triticale, vesce et pois) et 2,5 ha de maïs ensilage y sont aussi produits pour l’alimentation des vaches.

Le troupeau de 60 mères inscrites occupe quant à lui, un second site sur la commune de Gannat. Il est composé de 90 ha de prairies permanentes et d’un bâtiment réservé à du stockage de fourrages et de matériel ainsi qu’à une stabulation pour les génisses (lire l'encadré). L’acquisition de ce site herbager en 2002, alors peuplé de brebis, a permis de mettre en place l'atelier bovin lors de l'installation de Yannick en 2009.

« La race aubrac nous a séduits par sa rusticité et sa facilité de vêlage. Nous ne sommes pas déçus de notre choix », soulignent les éleveurs. Leur travail et celui de Gilles Forges, leur technicien d’Alsoni (1) ont été reconnus par l’attribution des Sabots d’Or au Sommet de l’élevage en 2022. Ce concours récompense un binôme éleveur-technicien pour chaque race sur les performances génétiques et la productivité du cheptel.

Quatre lots d’hivernage

Le troupeau, dont la croissance s’est faite en interne, est stabilisé à 60 mères. Un taureau inscrit et sélectionné sur ses index (IVMAT, aptitude laitière et facilité de naissance) est acheté chaque année dans le berceau de la race mais aussi dans la Loire, la Saône-et-Loire  avec les conseils de Gilles Forges et des techniciens de l’Union Aubrac à Rodez (Aveyron). Les vêlages se déroulent sous surveillance mais sans difficulté, à l’extérieur entre septembre à décembre.

Quatre lots de vaches suitées sont installés pour l’hiver sur des parcelles de 8 à 12 ha vallonnées, pour partie boisée et traversées par un ruisseau. Les bovins disposent d’une surface paillée pour se coucher et de trois râteliers par lot. Deux sont remplis d’enrubannage (luzerne ou méteil) et un de foin tous les matins. « La consommation en plein air est de 30 % supérieure à celle en bâtiment, souligne Yannick. Les veaux disposent d’un nourrisseur jusqu’à leur sevrage à 11 mois. Nous consacrons du temps au quotidien à la surveillance des animaux. C’est important. »

Les veaux mâles sont vendus au sevrage à un poids de 380 à 400 kg vifs (3,42 €/kg en 2022). Les femelles sont triées pour le renouvellement sur leur docilité et les index maternels (lait et facilité de vêlage). Les autres sont alourdies durant un à deux mois à l’ensilage de maïs avant leur vente (370 kg à 3,30 €/kg en 2022).

« Nous restons attentifs à un bon équilibre entre développement squelettique et musculaire dans notre travail de sélection. La docilité des animaux est indispensable en plein air intégral. Nous avons peu de problèmes sanitaires et pas d’investissement lourd en bâtiment. En revanche, nous travaillons dehors par tous les temps », précisent les éleveurs qui ne disposent d’aucune saison allégée en travail. En effet, les cultures prennent le pas dans leur planning à la mise à l’herbe des bovins en avril.

(1) Fusion de Bovins Croissance de l’Allier, de la Nièvre et de la Saône-et-Loire.