Trouver un système différent ou arrêter l’élevage allaitant. C’est la question que s’est posée Samuel Fouillard lorsqu’il a commencé à travailler sur l’exploitation familiale, il y a quatre ans. « La vente des broutards, issus du troupeau de 40 salers, ne rapportait pas d’argent », explique-t-il. Le futur éleveur commence par prendre le pouls du marché auprès de bouchers parisiens. « Deux types de demandes ont émergé : une de viande angus et une de viande tendre et goûteuse, explique-t-il. J’ai donc acquis 40 aberdeen-angus irlandaises, via un importateur français. »

Produit d’appel

Aujourd’hui, le troupeau compte 60 mères angus et 100 mères salers. Samuel tient à ce que tous les reproducteurs angus soient enregistrés auprès de l’Aberdeen-Angus Cattle Society. Afin de bénéficier de l’effet d’hétérosis, les six taureaux de la ferme sont de race angus. « Les bœufs croisés atteignent 430 kg de carcasse, alors que les purs angus ou salers sortent à 400 kg », explique-t-il. Les taureaux reproducteurs proviennent d’élevages français. « Il y a peu d’offres et les prix sont élevés. Il faut compter 3 500 € pour un taureau inscrit. » Samuel engraisse également quelques broutards achetés. Au total, il commercialise 200 génisses et bœufs de 20 à 24 mois par an. « Je pourrais produire uniquement des purs angus car la demande est très forte. Mais une génisse salers s’achète aux alentours de 800 €, alors qu’une angus coûte entre 1 500 et 1 800 €. C’est un investissement trop lourd, sachant que je suis également en pleine modernisation des équipements. Les purs angus sont surtout un produit d’appel. »

Croisés et angus sont vendus au même tarif, 4,50 €/kg de carcasse, sortie de la ferme. Samuel gère la commercialisation. Chaque semaine, il fait abattre et découper quatre animaux par Bigard, sur le site de Feignies. « Notre partenariat se passe bien, malgré les faibles volumes en jeu », se félicite-t-il. Les carcasses maturent entre 1 et 3 semaines, en fonction du client. « Hormis le poids, je constate peu de différence entre les carcasses issues d’animaux croisés et celles d’angus purs. Toutes sont classées R= ou R+, avec une note d’engraissement de 4. »

Parmi sa vingtaine de clients, des boucheries, des restaurants et des épiceries, généralement haut de gamme. « Certains sont attentifs à la qualité de la viande et n’accordent pas d’importance à la race. Pour d’autres, la race angus est un argument de vente important. »

Conduite facile

La conduite du troupeau de 160 mères nécessite uniquement un temps plein. « C’est grâce à la facilité d’élevage des races salers et angus, estime Samuel. Une qualité indispensable pour assurer la viabilité de l’élevage allaitant. »

Les vêlages s’étalent entre août et octobre. « Les deux races vêlent facilement et sont dotées de bonnes qualités maternelles, témoigne l’éleveur. Les angus sont peut-être un peu plus rustiques et précoces mais, en moyenne, toutes les génisses vêlent à deux ans. » Les animaux évoluent en stabulation de novembre à fin mars. Les mères reçoivent alors une ration composée de 10 kg d’ensilage d’herbe, 7 kg de betteraves fourragères et 5 kg de paille.

L’allotement se fait en fonction de l’âge des jeunes et de leur état général, indépendamment de la race. Le sevrage et la castration interviennent à 10 mois. Commence alors une période de croissance durant laquelle les animaux sont nourris exclusivement de fourrages. Une phase de finition en bâtiment de 3 à 6 mois précède l’abattage. Les animaux reçoivent 20 à 30 kg/jour d’une ration à base de pulpe surpressée, de tourteau de lin et de paille. « Je souhaite réduire ce temps de finition, mais je ne pense pas pouvoir engraisser les animaux uniquement à l’herbe, surtout en hiver, confie Samuel. Les 120 ha de prairies sont de qualité moyenne et j’ai besoin de sorties régulières pour satisfaire mes clients. »