Dans les champs de François Vanier, les cailloux sont presque plus nombreux que les cultures. Installé à Varize (Eure-et-Loir), en petite Beauce, cet agriculteur exploite 155 ha de grandes cultures, dont 60 ha sur des terres argilo-calcaires très superficielles. Il y a quinze ans, après de multiples voyages à l’étranger, il a décidé d’arrêter de labourer, avec la ferme intention de garder les mêmes rendements. Il vend sa charrue et perfectionne peu à peu son système avec du matériel acheté ou inventé. Après la récolte, il passe deux fois une herse de déchaumage « Magnum », à 1-2 cm de profondeur, puis un déchaumeur à disques à 5 cm. Lors d’un second passage, il ajoute un semoir à l’avant du tracteur. « Je ne laboure plus, mais dans notre contexte pédoclimatique, je préfère travailler le sol un minimum pour briser les pailles, détruire les limaces et les mulots », témoigne François Vanier.
Féverole en engrais vert
En parallèle du non-labour, il introduit des légumineuses, via des contrats de semences (21 ha de luzerne, 15 ha de pois potager et 5 ha de fèves) et des engrais verts. Après avoir testé plusieurs couverts avec sa coopérative la SCAEL, François est arrivé au mélange suivant : 80 kg de féverole, 1 kg de phacélie, 15 kg de tournesol avant les céréales de printemps ou avec 15 kg d’avoine avant une autre culture. « J’utilise de la féverole Diane, petite et plus facile à semer. Son système pivotant est complémentaire à celui du tournesol, qui émiette la surface du sol. Une fois le couvert gelé et détruit, les cannes noires de la féverole permettent de réchauffer plus rapidement le sol », explique François. Ce mélange lui coûte environ 50 €/ha, mais lui en rapporte le double.
De l’azote économisé
Cette dépense est rapidement compensée par le gain en azote sur la future culture. Cette année, les reliquats sont particulièrement élevés, il n’épandra que 75 u d’azote sur du maïs, derrière blé dur avec une interculture de féverole. Pour l’engrais de fond, François a diminué les doses : « En potasse, nous avons largement ce qu’il faut grâce aux pailles. En phosphore, pour les cultures de printemps l’interculture permet de s’en passer. Nous allons faire des essais avec la chambre d’agriculture pour les cultures d’automne. » Le taux de matière organique dépasse les 3 %. Le but est de gagner 0,1 % par an pour augmenter la réserve utile.
Revers de la médaille, ce mulch de matière attire les insectes et les ravageurs. Aujourd’hui, les populations sont contrôlées, grâce au déchaumage et l’application d’un antilimaces au printemps, mais il cherche encore des solutions contre différents insectes, comme les tipules. Autre inconvénient, l’utilisation du glyphosate avant et après le semis. « Avec ce système, je ne sais pas faire sans le glyphosate. L’année dernière, j’ai réduit ma dose de1 l/ha sur une parcelle, et les ray-grass ont survécu. Il a fallu que j’utilise davantage de désherbant ensuite », reconnaît l’agriculteur.