« Le tournesol est une plante économe en eau, mais le stress hydrique reste son principal adversaire », souligne Nina Rabourdin, de Terres Inovia. Malgré le progrès génétique, ses rendements ont tendance à stagner. Cela est en partie la conséquence du changement climatique. Dans ce contexte, l’institut technique explore plusieurs leviers d’adaptation pour réduire l’impact du déficit hydrique.

Pour Terres Inovia, le sol est important : il doit garantir la prospection racinaire du tournesol, dont l’enracinement peut atteindre deux mètres de profondeur, pour chercher toute l’eau disponible. En sols tassés, la perte de rendement est de l’ordre de 15 % et est exacerbée en cas de stress hydrique. Le travail du sol est à raisonner pour préserver la portance et augmenter l’infiltration de l’eau, afin de limiter les risques d’asphyxie racinaire ou d’érosion. « On s’attend à avoir davantage de pluie l’hiver avec le changement climatique », justifie Nina Rabourdin.

Préserver les feuilles vertes

À l’instar du colza, Terres Inovia travaille sur une approche de « tournesol robuste ». L’objectif : préserver le plus longtemps possible des feuilles vertes, en maintenant l’indice foliaire à son niveau maximal au moins 45 jours après la floraison. C’est lors de cette phase que le tournesol est le plus sensible au stress hydrique. « On étudie plusieurs volets de l’itinéraire technique de la culture, tels que l’écartement et la densité de semis, ou encore l’accès à l’eau », explique Nina Rabourdin.

Le choix variétal entre également en compte. Dans des dispositifs en serre, Terres Inovia évalue des variétés sur leur capacité à garder un indice foliaire maximal à floraison et après, en conditions de stress hydrique. « On observe différents comportements, résume l’ingénieure. Des variétés ont tendance à réduire leurs fonctions et avoir une activité limitée pendant la phase de stress, tandis que d’autres continuent à bien fonctionner. » Avant d’être convertis sous forme de conseils, ces résultats doivent encore être consolidés avec des tests en parcelles.

Avancer la date de semis

L’institut a également simulé l’impact de la précocification de la date de semis, dans l’idée d’avancer la floraison à une période moins préjudiciable vis-à-vis de la sécheresse. Les modélisations indiquent qu’il y aurait peu de risques à avancer le semis de 10 à 20 jours. Encore faut-il, selon les années, types de sols et contextes pédoclimatiques, réussir à anticiper ces semis, et en mesurer l’impact sur le cycle. « L’an dernier, on a semé le tournesol un peu précocement, mais la culture a patiné du fait du froid, si bien que l’on n’a pas gagné les jours que l’on souhaitait sur les stades », illustre Nina Rabourdin. Elle précise qu’à ce jour, ces études n’ont pas non plus encore été converties en recommandations.

L’irrigation constitue par ailleurs un levier « majeur » mais qui reste peu utilisé. Les enquêtes pratiques de Terres Inovia révèlent que seulement 2 à 6 % de la sole de tournesol est irriguée. Les apports d’eau nécessaires sont limités, et bien valorisés, notamment en sol superficiel. Pour 100 mm d’eau, Terres Inovia estime un gain de rendement de 8 à 10 q/ha. « Les apports ne doivent pas être trop précoces. Plus que la quantité d’eau, c’est sa répartition au cours du cycle qui est importante », souligne l’ingénieure.