Plusieurs semaines après sa nomination, François Bayrou recevait quatre des cinq syndicats agricoles, ce lundi 13 janvier 2025. « Nous avons rappelé au Premier ministre que nous avions besoin qu’il s’engage. C’est ce qu’il a fait puisqu’il nous a dit que depuis quelques jours, il n’entend parler que de mur, mur budgétaire, mur politique… Face au mur agricole, il nous a dit sa volonté de faire en sorte de trouver des solutions […] », a déclaré le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, à l’issue du rendez-vous qui a eu lieu en présence de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard.
Le patron de la FNSEA et Pierrick Horel, le président de JA qui a été reçu dans la foulée par le Premier ministre, fixent le Salon international de l’agriculture, dans six semaines, comme un rendez-vous d’étape. Parmi les demandes du syndicat majoritaire et de JA figurent le vote d’un budget de quelque 450 millions d’euros incluant des mesures d’urgence face aux crises sanitaires, et un calendrier pour plusieurs textes de loi portant notamment des mesures de « simplification » des activités agricoles. Pour Pierrick Horel, il faut maintenant des actes et la concrétisation « au premier trimestre » du budget agricole avec les mesures fiscales promises.
Course contre la montre
« Nous avons expliqué au Premier ministre que nous étions dans une course contre la montre et que nous étions dans l’attente de concret sur tous les sujets », a souligné Arnaud Rousseau, un peu plus tard dans la journée, devant les adhérents de la FRSEA et des JA de l’Île-de-France sur une exploitation à Chailly-en-Bière, en Seine-et-Marne. Il était en déplacement dans le cadre des élections aux chambres d’agriculture. « Le Premier ministre, qui a été agriculteur et adhérent à la FNSEA, m’a semblé à l’écoute. Il est conscient de la crise agricole mais il ne sait pas s’il sera toujours là dans un mois. Son but est d’abord de faire valider un budget », a-t-il poursuivi.
Réarmer l’outil productif
« Monsieur Bayrou nous a dit qu’il souhaitait “réarmer l’outil productif français” et il s’est engagé à faire avancer tous les dossiers au plus vite », relève Arnaud Rousseau. Concernant la proposition de loi Duplomb visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » examinée au Sénat le 27 janvier, « nous avons insisté pour obtenir une date d’examen à l’Assemblée nationale. Il n’a pas pu nous la préciser, mais elle devrait être finalisée avant le Salon de l’agriculture » prévu du 22 février au 2 mars prochain. La loi d’orientation agricole, qui passera devant le Sénat le 4 février, devrait aussi « être finalisée avant le Salon de l’agriculture. Il s’est aussi dit favorable au stockage de l’eau pour l’irrigation. »
La Confédération paysanne déçue
Pour Stéphane Gallais, secrétaire national de la Confédération paysanne qui a participé au rendez-vous de son syndicat avec sa porte-parole, Laurence Marandola, c’est la déception. « Nous n’avons pas eu de réponse concrète. On l’a trouvé décalé par rapport aux enjeux, déplore-t-il. Le seul point positif est la reconduction de l’aide d’urgence de 1 000 € pour les paysans de Mayotte, pour le reste on a de grandes interrogations. »
Le secrétaire national liste trois points sur lesquels le syndicat attend des réponses. D’abord mettre en place « une gouvernance à la proportionnelle » pour les élections des chambres d’agriculture. La Confédération paysanne déplore une absence de reconnaissance de la pluralité syndicale et demande que le scrutin des chambres soit à la proportionnelle.
« Il nous a fait comprendre que ce n’était pas possible pour cette fois », regrette Stéphane Gallais. Le syndicat demande aussi un engagement fort pour le revenu des agriculteurs et pour avoir « un État arbitre » pour que les prix couvrent les coûts de production, et une meilleure gestion des crises sanitaires.
La Coordination rurale attend le discours de politique générale
La Coordination rurale, également reçue par François Bayrou, a pour sa part indiqué attendre le discours de politique générale du chef du gouvernement, ce mardi 14 janvier, pour se prononcer sur les suites de sa mobilisation. Le délai fixé au gouvernement « c’est demain (mardi). Nous espérons entendre les revendications, ou celles du moins qui ne coûtent rien à l’État », a dit à la presse à la sortie sa présidente, Véronique Le Floc’h. Elle se félicite par ailleurs de l’engagement du Premier ministre pour un « alignement de la réglementation française sur la réglementation européenne ».
Le Modef reçu plus tard
De son côté, le Modef indique qu’il sera reçu ce vendredi 17 janvier à Matignon et défend la mise en place de mécanismes de régulation des marchés, comme des prix minimums garantis par l’État, des quotas de production, ou encore de coefficients multiplicateurs pour l’établissement des prix des produits agricoles.