Réorganiser les filières, développement de politiques locales, plus de transparence dans les études… La Confédération paysanne et la Coordination rurale ont partagé leurs propositions pour accroître la souveraineté alimentaire de la France devant les députés de la commission d’enquête sur les raisons de la perte de la souveraineté alimentaire de la France.
Le projet de loi d’orientation agricole définissait notamment la souveraineté alimentaire par « sa capacité à assurer son approvisionnement alimentaire dans le cadre du marché intérieur de l’Union européenne et de ses engagements internationaux ».
La Coordination rurale juge cette définition « sans protection » qui, « contrairement à ce qui avait été promis, n’apporte rien de plus pour les agriculteurs ».
De son côté, la Confédération paysanne, par la voix de son secrétaire général Stéphane Galais, rappelle un terme qui lui est « cher » avec une notion démocratique importante. Ces outils démocratiques, « comme les programmes alimentaires territoriaux » (ndlr, programmes mis en place par les collectivités pour harmoniser les questions alimentaires et développer l’agriculture sur le territoire) permettent d’encourager la souveraineté alimentaire en relocalisant la production grâce à l’accompagnement des collectivités locales.
Si la balance commerciale générale est positive grâce aux céréales, aux vins et spiritueux et aux produits laitiers, il ne faut pas oublier une « dégradation de la balance pour toutes les viandes cumulées », rappelle Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale. Elle s’inquiète de l’importation de produits agricoles étrangers craignant une distorsion de concurrence.
La souveraineté passe aussi par la résilience de systèmes de production, selon Stephane Galais en limitant les importations de produits phytosanitaires ou d’aliments. Alors que la France reste majoritairement dépendante au soja pour nourrir les bovins français, « on peut produire la même quantité sur un modèle plus résilient, à l’herbe par exemple ».
Réorganiser les filières
La perte de souveraineté alimentaire serait aussi, pour Véronique Le Floc’h, liée à « un problème d’organisation des filières ». « Il y a moyen de réorganiser la production : on pourrait davantage relocaliser de l’emploi en même temps qu’on évite la désagriculturation. »
« C’est important qu’on puisse avoir un maillage d’outil qui permet de relocaliser la production », ajoute Stéphane Galais, avec entre autres la possibilité de « permettre aux paysans de se réapproprier des outils de transformations ». Le secrétaire général prend en exemple la disparition progressive des abattoirs locaux : « Comment espérer l’avenir de l’élevage si les paysans ne peuvent pas abattre sur place ? »
Attirer une nouvelle génération
Une autre difficulté pointée par les syndicats est le problème du renouvellement des générations. Alors que près de la moitié des agriculteurs ont plus de 55 ans, il s’agit de retrouver une nouvelle génération prête à reprendre les exploitations. La jeunesse intéressée par la production agricole, souvent non issue du milieu, doit être « accompagnée correctement », estime Stéphane Galais, qui plaide pour de « vraies politiques d’aménagement du territoire et d’habitats dans les territoires ruraux » et des politiques de soutien pour les petites fermes, dans le but d’obtenir un « maillage de paysans » à travers le territoire.
Ces politiques de soutien doivent aussi se concentrer sur les secteurs en difficulté pour encourager la diversification de la production nationale, soutient le secrétaire général, qui prône pour une relocalisation de la production des fruits et légumes.
Actuellement, environ un tiers de la consommation de fruits et légumes est issu d’une production étrangère.