La Coordination rurale a acquis aux enchères, le 16 octobre 2025 à Agen, une ferme du Lot-et-Garonne mise en liquidation judiciaire, dans le but de la restituer au petit-fils des propriétaires insolvables. La ferme, située près de Marmande, a été cédée pour 115 000 euros après une série de surenchères entre l’avocat du syndicat et la représentante d’un couple d’acheteurs anonymes.
Le soulagement de Lucas Wafflart
On est « heureux » mais « écœurés », a déclaré José Pérez, leader de la Coordination rurale dans le Lot-et-Garonne, devant la trentaine de personnes, principalement des membres du syndicat, venues « en soutien » à l’entrée du tribunal. « Il y a des gens qui n’ont aucun scrupule dans ce pays, qui sont prêts à détruire des familles, à virer des gens de chez eux, à assassiner les agriculteurs, c’est scandaleux », a-t-il déploré.
Le syndicat avait érigé cette propriété en symbole des difficultés de transmission des terres agricoles. Il avait affiché dans plusieurs médias sa volonté de dissuader d’autres candidats de se porter acquéreurs, pour la rétrocéder à Lucas Wafflart, 18 ans, élève en lycée agricole, à l’issue de ses études. « Je suis content, je suis heureux, les rêves continuent et le plus important, ce sont mes grands-parents qui ne sont pas foutus dehors », a réagi le jeune homme, les yeux embués et rougis.
Enquête pour « entrave à la liberté des enchères »
Lors de premières enchères en juin 2025, cette ferme de 37 hectares et la maison des grands-parents de Lucas, paysans placés en liquidation, avaient été mises à prix à 140 000 euros avant de descendre à 10 000 euros, faute d’acheteur, après une campagne de communication en ce sens du syndicat agricole. Une chute de prix « rarissime » selon la Safer, qui avait alors acquis la ferme pour préparer l’installation future du jeune homme.
Coup de théâtre quelques jours après cette vente : un retraité marmandais de 79 ans, avait légèrement surenchéri, dans le délai légal prévu par la procédure… entraînant l’organisation de nouvelles enchères pour une mise à prix de 11 000 euros. Visé par « un tombereau d’injures » sur les réseaux sociaux, traité de « rapace » au téléphone selon son avocat, ce dirigeant de SCI s’était retiré, peu de temps après, de la prochaine session de vente. Le parquet d’Agen avait dans la foulée ouvert une enquête, toujours en cours, pour « entrave à la liberté des enchères » contre l’antenne locale du syndicat agricole.
La ferme a été vendue le 16 octobre, sans nouveau recours possible, à une association pour « agriculteurs en difficulté », créée par la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, dirigée par la Coordination rurale depuis 2001. Elle sera rétrocédée à Lucas Wafflart une fois ses diplômes obtenus, a promis le syndicat.