À l’appel des syndicats agricoles FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) et JA (Jeunes Agriculteurs) du Tarn, des agriculteurs se sont donné rendez-vous ce mardi 14 novembre 2023 à Albi. Pourquoi ? Pour exprimer leur ras-le-bol et leur incompréhension devant les injonctions parfois contradictoires de l’État.

Selon Christophe Rieunau, secrétaire général de la FDSEA du Tarn interrogé par La France Agricole, « environ 300 personnes » étaient présentes, et « une petite centaine de tracteurs ont convergé des quatre coins du département vers la préfecture » d’Albi.

Mal-être et ras-le-bol général

« Il y a un mal-être dans les campagnes, un ras-le-bol général. Est-ce qu’on veut encore de nos agriculteurs en France ? Les enfants ne reprennent plus les exploitations, c’est beaucoup de travail et on a du mal à sortir un salaire », explique à l’AFP Lionel Aussenac, 34 ans, à la tête d’une exploitation de 50 vaches laitières à Castres (Tarn). Également secrétaire général du syndicat JA du Tarn, il s’inquiète notamment des effets de la taxation du GNR sur « les trésoreries précaires » des éleveurs, vignerons et céréaliers du département.

« Déjà qu’on ne s’y retrouve pas, si on nous rajoute des taxes et normes, des formations pour appliquer les normes, de la paperasse, on ne va pas y arriver. Et pendant ce temps, on importe des denrées qui ne respectent pas les normes qu’on nous exige en France », dénonce l’éleveur.

« On marche sur la tête »

« On marche sur la tête », slogan de cette mobilisation, mais aussi « Jeunes agriculteurs de demain, mort de faim », « Alimentation, bientôt la faim », pouvait-on lire sur les banderoles. Dans les campagnes, nombre de panneaux d’entrée et sortie de village ont été retournés, pour accompagner le slogan « On marche sur la tête » des agriculteurs.

Bruno Madaule, agriculteur dans le village de Poulan-Pouzols, explique à l’AFP : « On marche sur la tête à plusieurs niveaux. On importe des productions, ça pollue énormément alors qu’on peut les produire chez nous. Les charges augmentent, on subit l’inflation, des nouvelles règlementations, des contraintes administratives mal pensées. C’est difficile d’être compétitif, et d’exercer son métier agriculteur. »

« C’est un moment difficile pour les agriculteurs, souligne Clémence Biard, présidente déléguée des JA d’Occitanie. On proteste contre le projet de taxation du GNR, contre les retards de versements de la Pac. Et puis contre la hausse de tous les frais. Le prix de vente de nos produits ne couvre pas forcément les coûts de production », alerte-t-elle.

Pour Christophe Rieunau, secrétaire général de la FDSEA Tarn interrogé par La France Agricole, « on a fait le choix de retourner les panneaux de nos villages pour symboliser que dans la ruralité parfois il y a énormément d’injonctions contradictoires, entre les règles que l’on nous impose, le besoin d’alimentation que l’on a dans ce pays et les moyens que l’on nous donne qui ne sont souvent pas suffisant. Il faut des solutions, déjà techniques, et ensuite des moyens pour les mettre en œuvre. »

Il complète : « L’opération des panneaux a été tellement bien reprise, depuis plusieurs jours on a une vraie résonance médiatique, de vrais échanges avec les élus ruraux. On va se donner quelques jours, pour voir, si le message arrive au plus haut sommet de l’État, si on nous envoie des signaux qui pourraient nous donner un peu de raisons d’espérer. »

Lors de la mobilisation à Albi, les manifestants ont installé une bâche remplie d’eau devant la cité administrative, afin de sensibiliser sur les problèmes d’irrigation dus aux récentes sécheresses et réclamer la construction de retenues d’eau.

D’autres mobilisations au programme

« Les messages qu’on a fait passer, le manque de clarté administrative, les injonctions contradictoires, le fait de ne pas avoir suffisamment d’armes pour envisager demain serein, c’est quelque chose pour nous qui n’est pas propre au Tarn. Certes, on est un des départements agricoles où l’économie agricole est quand même extrêmement fragile, mais ce n’est pas propre à chez nous, et c’est bien sûr tout à fait normal que ces messages-là se répandent ailleurs en France », témoigne le secrétaire général de la FDSEA du Tarn.

Des prochaines mobilisations sont au programme dans le Sud-Ouest, notamment le 22 novembre où une grande mobilisation régionale des agriculteurs est prévue à Toulouse. Christophe Rieunau ajoute qu’une manifestation régionale sur les mêmes fonds de revendication devrait avoir lieu le 27 novembre.