Un « mirage extrêmement dangereux » et une « dérive autoritaire » pour certains, une « réponse proportionnée », voire « timide » pour d’autres. Les syndicats agricoles ont réagi à la dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre, actée en Conseil des ministres le 21 juin 2023.
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Le Modef dénonce un « décret honteux »
Interrogé par La France Agricole ce vendredi 23 juin, le vice-président de la FNSEA Étienne Gangneron l’affirme : « La dérive est du côté de la société civile qui s’attaque aux biens des agriculteurs. » Certes, le gouvernement ne répond que « partiellement avec le plan Eau, sans donner de réponse complète au dérèglement climatique, mais il est dans son rôle, poursuit-il. Il limite les excès de certains mouvements. La FNSEA n’est pas du tout choquée de cette dissolution. »
Au contraire, le syndicat réprouve le terme de « dérive autoritaire » scandé par le Modef dans un communiqué de presse daté du 22 juin. « Opposé à la dissolution », le Modef se dit « indigné de cette mesure qui bafoue les règles de notre démocratie en faisant taire par la force celles et ceux qui alertent contre l’inaction climatique ». Plus encore, il déplore l’utilisation par le gouvernement de « l’épouvantail de la violence » qui « n’a pas de sens » et se joint à la démarche de recours contre ce « décret honteux ».
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La Coordination rurale dépose une plainte contre X
Des arguments que balaie Étienne Gangneron. « Il n’y a pas de soi-disant [pseudo-, NDLR] dérive autoritaire. Il faut préserver les biens et les personnes. » Selon lui, ce sont davantage Les Soulèvements de la Terre « qui ont amorcé cette dérive par leurs actions violentes ». Ce mouvement est « un constat d’échec monstrueux et collectif, ajoute-t-il. Le vrai problème est que ce sont des gens qui, soi-disant, défendent le climat alors qu’en fait, pragmatiquement, ils font tout le contraire. Ils font tomber tous les concepts du vivre-ensemble quand ils détruisent le travail des agriculteurs. » Il insiste : « La dissolution des Soulèvements de la Terre est une réponse proportionnée. »
Un avis que ne partage qu’à moitié la Coordination rurale. Dans un communiqué de presse diffusé ce vendredi 23 juin 2023, elle estime qu’il s’agit d’un « début de réponse […] plutôt tardive [tardif, NDLR] » et « encore bien timide », face à cette « dérive militante vers des actes de violence systématisés ». Le syndicat réclame une « réponse pénale proportionnée » et annonce qu’elle « se portera partie civile cette fois-ci encore, afin de dénoncer ces violences inadmissibles, dans le cadre d’une plainte contre X ».
Mercredi, la Confédération paysanne condamnait la dissolution du collectif, affirmant qu’il s’agissait d’un « mirage extrêmement dangereux et douloureux lié à l’absence totale de réponse aux problématiques ».