« Puisque le Salon international de l’agriculture vient de fermer ses portes sans apporter la réponse à cette interrogation, Culture Viande se doit d’établir un diagnostic avant de tracer quelques pistes pour satisfaire la demande de viande en France, prioritairement, mais bien au-delà des frontières assurément », rapporte le syndicat des entreprises françaises de l’abattage-découpe dans un communiqué diffusé le mercredi 9 mars 2022.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en l’espace de cinq ans, la France a perdu 263 000 vaches laitières et 388 000 vaches allaitantes, soit une réduction de 10 % du cheptel bovin au global. « La viande bovine va manquer ? Assurément oui à première analyse, mais il est encore temps, pour limiter les dégâts de prendre les bonnes mesures », estime Culture Viande.
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Deux niveaux d’action pour freiner la décapitalisation
Culture Viande s’adresse d’abord aux « politiques »et appelle à une « réhabilitation des productions animales ». « Transférer les jeunes animaux en Italie et en Espagne n’est plus acceptable », relève le syndicat, avant de pointer les « trop nombreuses contraintes politico-réglementaires ».
Sur le second volet, Culture Viande appelle l’ensemble des acteurs de la filière à « assurer » leur mission et leur vocation, avec comme fil rouge la répartition de la valeur. Le syndicat liste les actions à mener par les acteurs de la filière :
- Les éleveurs : faire le pari d’un avenir meilleur et se maintenir, en volume comme en qualité, au sommet de l’Europe ;
- L’abattage/découpe : valoriser sans faiblesse le travail de ses apporteurs et s’arc-bouter sur la défense des prix de la viande ;
- Le commerce : comprendre les enjeux stratégiques, économiques et sociétaux… Au risque de briser la chaîne de production
« Modèle d’approvisionnement en pleine mutation »
Car pour le syndicat, la situation n’est pas tenable à moyen terme. « La surenchère journalière sur tous les animaux s’apparente à une véritable fuite en avant, certes bienvenue pour les éleveurs, mais forcément très risquée pour les abattoirs », alerte Culture Viande.

À l’amont de la filière, Culture Viande évoque un « très vaste chantier à traiter en urgence » où « la pratique de la cueillette doit laisser place à une sécurisation des approvisionnements, une contractualisation amont plus ou moins large où coûts de production, état du marché (offre/demande) et équilibre carcasse sont les variables à intégrer ».
Du côté de l’aval, le syndicat fait part des difficultés récurrentes à « répercuter aussi bien la hausse des coûts industriels que la revalorisation des matières premières agricoles », et ce, malgré l’instauration de la loi Egalim.
« Tout comme le modèle des approvisionnements va muter, celui de la commercialisation des viandes devra prendre en compte l’impérieuse nécessité d’un rééquilibre avant/arrière, sauf à rendre les muscles à griller trop onéreux » prévient Culture Viande. En effet, la consommation de viande hachée continue de gagner du terrain et toutes les catégories de bovins sont aujourd’hui concernées.