« S’il n’y a pas de rémunération, il n’y a pas de production ». Lors de sa visite pour l’inauguration de la 31e édition du Sommet de l’élevage, mardi 4 octobre 2022, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, n’a cessé de répéter ces mots.

Invité à une table ronde autour du thème « élevage et durabilité », le ministre s’est prêté au jeu des questions-réponses dans un amphithéâtre rempli de lycéens agricoles pour répondre à la problématique générale : c’est quoi le modèle d’élevage « durable » choisit par la France ?

1. L’économie, un élément clé de la durabilité

Pour Marc Fesneau, la durabilité des élevages passe d’abord par l’aspect économique. Pour pouvoir installer de jeunes agriculteurs ou avoir des éleveurs qui trouvent une juste rémunération au travail, il faut qu’ils aient la capacité de se dégager un revenu, explique le ministre. « Sans rémunération, je ne connais pas un jeune qui aura une envie folle de s'installer en agriculture », ajoute-t-il.

À court terme, se pose selon lui la question de la rémunération des éleveurs et des prix au travers des négociations commerciales et de la loi Egalim 2 ainsi que l’allègement des charges avec des mesures pour abaisser le prix l’énergie par exemple. « Il faut que dans les négociations commerciales chacun prenne ses responsabilités parce que s’il n’y a pas de rémunération, il n’y a pas de production ».

Pour le ministre, à long terme, il est nécessaire de réfléchir le système autrement car « l’agrandissement ne peut pas être la seule solution qui soit offerte à un agriculteur ou un éleveur pour amortir ces charges ».

2. Des élevages résilients face au changement climatique

Pour Marc Fesneau, il est également nécessaire de faire évoluer les systèmes pour faire face au dérèglement climatique. Il évoque donc l’aspect de la transition comme un élément clé de la durabilité. « On est dans une phase très accélérée du dérèglement climatique qui nécessite que nous travaillions à la recherche et à l'innovation pour maintenir des systèmes d'élevage » pour ne « pas mettre [les agriculteurs] dans une situation d’impasse agronomique, technique et économique », développe le ministre en prenant l’exemple de la problématique de l’accès à l’eau.

Pour Amandine Lebreton, directrice du plaidoyer de la Fondation pour la Nature et l’Homme (ONG environnementale), qui prône plutôt le système herbager, la question est de savoir quel élevage faut-il soutenir. De son côté, Étienne Fourmont, agriculteur laitier dans la Sarthe et youtubeur, pense que le système herbager ne peut pas être le seul modèle. Opinion partagée par le ministre de l’agriculture qui ajoute « qu'il y a des endroits où on ne pourra pas maintenir des systèmes herbagés stricts parce qu’il y a la question du dérèglement climatique ».

3. Rendre les élevages plus attractifs

Outre les questions économiques et de changement de pratiques, la durabilité des élevages passe par l’attractivité du métier. Selon Marc Fesneau, les métiers de l’agriculture sont essentiels à la société car ils sont « les plus porteurs de sens » vis-à-vis des préoccupations actuelles.

« L’élevage c'est 365 jours par an, tous les jours, tous les ans et pendant toute une génération », souligne le ministre. Dans un système qui impose des contraintes parfois lourdes, il faut arriver à trouver des solutions pour les rendre plus attractifs auprès des nouvelles générations d’agriculteurs qui n’ont pas les mêmes attentes en termes de conditions de travail, ajoute-t-il.

4. Répondre à la fonction première de l’agriculture qui est de nourrir les hommes

Pour finir, Marc Fesneau rappelle qu’un système durable est un système qui permet de répondre à la fonction première de l'agriculture qui est la fonction d'alimenter.

« La guerre en Ukraine vient nous rappeler que l'alimentation peut devenir une arme » et « on a donc besoin de faire en sorte que les fonctions premières de l'agriculture, c’est-à-dire celles de produire pour nourrir, soient confortées sans s’opposer à la nécessité de la transition », explique-t-il.