« En 20 ans, le nombre d’exploitations a été divisée par deux. […] L’élevage doit retrouver toute sa place dans notre stratégie agricole et alimentaire », a déclaré la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, ce mardi 3 juin 2025. Annie Genevard s'exprimait à l'occasion de la présentation de la trente-quatrième édition du Sommet de l’élevage.
Les défis en ligne de mire
Cette année, le salon, qui se tiendra du 7 au 10 octobre 2025, sera tourné vers les défis d’avenir que connaît l’élevage à savoir la compétitivité, le renouvellement des générations et la décapitalisation des cheptels, le dérèglement climatique.
Pour répondre à ces enjeux, le Sommet de l'élevage a notamment invité Jean-Marc Jancovici, président de The Shift Project (cercle de réflexion sur la décarbonation), qui donnera une conférence sur l’élevage à bas carbone. Pour la deuxième année consécutive, l’évènement comptera un stand « le sommet s’engage pour le climat ».
« On s’est associé à l’association The Shift Project d’Auvergne pour travailler sur cette question de durabilité. On va lancer la fresque de l’élevage ruminant, sur le modèle de la fresque du climat, pour sensibiliser les agriculteurs et le grand public à ces enjeux », précise Bruno Dufayet, éleveur et président de l’Association pour la promotion de l’agriculture du Massif central (Apramac).
Le défi du renouvellement des générations
Parmi les autres défis, se trouve notamment celui du renouvellement des générations. « Dans dix ans, 50 % des éleveurs partiront à la retraite. Le métier est trop peu valorisé, il faut montrer une agriculture moderne, positive de l’élevage », insiste Benoît Delaloy, responsable international et commissaire général du sommet.
« On a voulu connecter les agriculteurs entre eux via l’application du Sommet de l’élevage, qui permet de se rendre sur le comptoir des éleveurs [une plateforme qui permet aux professionnels présents au salon d’échanger et de s’informer NDLR] », souligne Victor Berthon, responsable du développement et du digital.
À cet enjeu de renouveler les générations, se couple celui de la décapitalisation des cheptels. « La perte du cheptel bovin est de l’ordre de 2 ou 3 % par an », relève Sébastien Cluzel, président du Herd-Book charolais, dont la race sera à l'honneur cette année.
« On a une race qui peut valoriser des fourrages grossiers, de faible qualité et une race qui peut faire la vache élastique, notamment en mangeant un peu moins en période de sécheresse », explique-t-il. Malgré les qualités de la race, les efforts se poursuivent. « Notre enjeu, c’est la création génétique : adapter nos critères de sélection pour que nos animaux s’adaptent mieux. Il faut aussi rendre la race plus facile à élever », appuie-t-il.
Le Maroc, pays invité
Pays confronté aux mêmes problématiques que la France, le Maroc est l’invité du salon. Sa délégation de 40 personnes sera présente au hall institutionnel, sur un stand de 170 m², soit le plus grand stand intérieur du Sommet de l’élevage. Le ministre de l’Agriculture marocain se rendra également sur place.
« Au Maroc aussi, le cheptel fond et les éleveurs quittent les terres », explique Samira Sitaïl, ambassadrice de Sa Majesté le Roi du Maroc en France. Dans le royaume, un nouveau plan d’aide a donc été lancé, mobilisant 620 millions d’euros jusqu’en 2026, « pour préserver et aider à la reconstitution, de manière durable, des cheptels ».
« On a beaucoup à échanger et on a à apprendre », assure Jacques Chazalet, président du sommet de l’élevage. Et preuve que le Sommet de l’élevage s’internationalise : les 20 exposants supplémentaires accueillis cette année (1 770 au total contre 1 750 en 2024) viennent de l’étranger.