« Un grand nombre de substances [pesticides], en quantité importante », persistent dans les sols sous forme de résidus, a estimé l’Inrae dans un communiqué publié le 24 mai 2023. L’institut de recherche agronomique partage les résultats de travaux (lien en anglais) menés par des scientifiques de l’Inrae et de l’université de Bordeaux, publiés dans la revue Environmental Science & Technology.
Surveillance nationale
Selon l’Inrae, les résultats « démontrent une persistance inattendue des molécules de pesticides dans l’environnement, bien au-delà de leur temps de dégradation théorique et à des concentrations supérieures à celles escomptées ». Pour l’institut, cela souligne l’intérêt d’ajouter le suivi des résidus dans la surveillance nationale des sols. Contrairement aux milieux aquatiques et à l’atmosphère, ce compartiment en est actuellement exempté.
Les auteurs estiment également que les résultats plaident pour « une révision des procédures d’homologation », afin que soit prise en compte la persistance de ces produits dans le cadre des « pratiques agricoles réelles ».
Les chercheurs ont évalué « la contamination par les pesticides de près d’une cinquantaine de sols, prélevés dans toute la France métropolitaine », précise l’Inrae. Les prélèvements ont été réalisés sur l’horizon 0-20 cm, en 2019 et 2020. Il indique que « 98 % des sites étudiés présentent au moins une substance. Au total, 67 molécules différentes ont été retrouvées, majoritairement des fongicides et des herbicides. »
Parcelles de grandes cultures
« Les parcelles de grandes cultures sont les plus contaminées, avec jusqu’à 33 substances différentes retrouvées dans un seul site, et une moyenne de 15 molécules dans les sols, continue l’institut. Plus inattendu, dans les sols sous forêts, prairies permanentes, en friche ou en agriculture biologique depuis plusieurs années, plus de 32 pesticides différents ont été détectés, à des concentrations majoritairement plus faibles que pour les sites en grandes cultures. »
Les molécules les plus fréquemment retrouvées sont :
- Le glyphosate et son métabolite principal l’Ampa ;
- Les fongicides de la famille des triazoles ;
- Les fongicides SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase) ;
- Les insecticides de la famille des pyréthrinoïdes.
L’Inrae estime que « les risques de toxicité chronique pour [les] vers de terre sont modérés à forts pour toutes les parcelles cultivées », en lien avec la présence d’insecticides et de fongicides.