La médiatisation des impacts sociaux et environnementaux destructeurs de la culture du soja en Amérique du Sud a fait naître une demande pour un soja plus « responsable ». Plusieurs démarches se sont mises en place, à l’image de la certification RTRS (voir encadré).
En France, la demande en soja alternatif se concentre en premier lieu sur du non-OGM. Sur les 3 millions de tonnes de tourteaux importés par la France en 2016, 450 000 tonnes sont garanties non OGM. Face à la montée en puissance de cette demande et à un ratio cours du soja/cours du blé plus favorable, la culture de la légumineuse connaît un véritable regain en France. En 2016, 140 000 ha ont produit 350 000 tonnes de graines.
Tourteau gras français
Hormis quelques échanges transfrontaliers, la production est transformée dans des usines françaises. « La part destinée à l’alimentation animale est difficile à évaluer, mais nous estimons qu’elle s’élève aux deux tiers de la production », explique Françoise Labalette, responsable amont de l’interprofession des huiles et protéines végétales. À l’exception de l’unité de trituration de Brest, les usines françaises n’utilisent pas de solvant pour extraire l’huile des tourteaux, ce procédé n’étant adapté qu’à de très grosses unités de transformation. « Les tourteaux de soja français sont une matière première différente des tourteaux importés, qui titrent à moins de 2 % de matière grasse. » Avec une moyenne autour de 8 %, les tourteaux français méritent effectivement le qualificatif de « gras ». Le dépelliculage partiel des graines permet néanmoins de conserver une teneur en protéine élevée, entre 46 et 48 %. « Le fort taux de matière grasse peut être une contrainte pour les formulateurs, particulièrement pour les rations des bovins lait. En alimentation bio, les professionnels sont déjà habitués à ce produit, car l’extraction à l’hexane y est prohibée. » À cette composition particulière, s’ajoutent les arguments gratifiants d’une production non OGM et surtout locale. « Nous travaillons à la mise en place d’une certification “Soja français” pour permettre aux fabricants d’aliments de mettre en avant cet ingrédient dans leurs formules. »