Polyculteur-éleveur labellisé Au Cœur des sols à Saint-Projet, dans le Lot, Jean-Christophe Alibert compte quinze années d’expérience en agriculture de conservation des sols. Auparavant en labour, l’agriculteur s’est décidé à changer de système à cause des terres superficielles et caillouteuses de son exploitation.
Peu d’intrants
Depuis son passage en agriculture de conservation des sols (ACS), Jean- Christophe n’apporte quasiment plus d’engrais azotés minéraux. Les céréales ne reçoivent plus d’antilimaces ni de traitements insecticides ou fongicides, et le désherbage se limite à un passage de glyphosate pour la préparation des semis. La féverole, qui ne revient qu’une fois tous les cinq ans en moyenne, n’est que très rarement traitée.
« J’ai totalement changé d’approche par rapport à mon système d’il y a quinze ans. Avant, j’étais dans une logique de performance, maintenant j’essaie de faire le mieux possible avec le moins d’interventions possible », confie l’éleveur. Sa consommation de carburant a elle aussi nettement diminué. « Cela se voit moins au niveau comptable car le prix au litre a explosé », nuance-t-il. Jean-Christophe observe enfin un retour de la biodiversité sur ses parcelles en rotation, qui accueillent dorénavant un plus grand éventail de cultures. « Je vois des pollinisateurs sur mes féveroles et mes couverts d’automne : c’est un plus pour eux à une période de l’année où ils peuvent manquer de nourriture », précise-t-il.
Grâce à ces quinze années de pratique, Jean-Christophe estime que son système a gagné en robustesse, notamment face aux aléas climatiques. « Dans le secteur, je n’ai pas les meilleurs rendements, mais j’ai moins de fluctuations. Je suis aussi plus autonome et je ressens moins de stress et de pression au quotidien », convient-il. Toujours en quête de développement, Jean- Christophe se projette sur le double semis, avec l’idée d’associer du trèfle incarnat et de l’orge, valorisée en grain. Il admet devoir encore « réfléchir à comment récolter et trier ».
Aujourd’hui, Jean-Christophe valorise 50 ha de prairies naturelles et 40 ha de cultures en rotation, exclusivement en semis direct. Son assolement se compose de prairies temporaires multi- espèces, de céréales à paille, de féveroles et, plus ponctuellement, de vesces et de pois. À cela s’ajoutent des couverts multi-espèces. « Chez moi, le facteur eau est très limitant, alors je reste très opportuniste d’une année sur l’autre, indique l’éleveur. De plus, comme toute ma production est destinée à l’alimentation du troupeau, je privilégie la qualité au rendement. »