Près de Carcassonne (Aude), David Vincent pratique le semis direct sous couvert depuis neuf ans, sur près de 200 ha de grandes cultures. « Mon système repose sur une rotation 3-3, c’est-à-dire avec trois cultures de printemps ou oléoprotéagineux suivies de trois céréales sous couvert permanent de luzerne ou sainfoin, détaille-t-il. Les couverts annuels d’interculture pâtissaient du manque d’eau alors que la luzerne et le sainfoin résistent mieux au sec. »
Dépourvue d’irrigation, son exploitation profite tout de même de sols profonds. David a donc pu diversifier son assolement avec des cultures aux profils racinaires variés : céréales à paille (blé dur, blé tendre, blé améliorant, orge d’hiver, avoines), maïs, sorgho, millet, tournesol, colza, lin, chanvre, pois d’hiver, lentille, pois chiche et féverole.
Contrat sur un captage
« Avec notre climat méditerranéen, nous pouvons avoir des abats d’eau importants (épisode cévenol). Grâce à l’ACS, l’eau de mes parcelles ressort limpide », indique-t-il. L’agriculteur se pose davantage de questions sur les transferts de produits phytosanitaires par infiltration. « J’ai contractualisé un PSE (1) sur une aire d’alimentation de captage : cela va permettre d’approfondir ce sujet. »
De plus, ses cultures semblent « lâcher moins vite » que celles de ces voisins en conventionnel lorsqu’il fait sec. « En semis direct, le fait que la densité apparente du sol soit la même sur tout le profil oblige les racines à aller en profondeur. En sols travaillés, elles auraient tendance à se limiter aux couches les plus meubles et faciles à pénétrer », suppose-t-il.
Avec 30 % de sa sole en légumineuses (couvert permanent et culture de vente), David a significativement réduit ses apports d’engrais azotés minéraux. Il a aussi fait des économies de produits phytosanitaires, grâce notamment aux associations et aux cultures à bas niveaux d’intrants comme le chanvre, la lentille ou le pois chiche.
Ces performances lui ont permis d’obtenir la certification HVE (2). « J’ai facilement atteint l’objectif requis pour la fertilisation. Pour les phytos, le glyphosate, uniquement utilisé pour la destruction de mes couverts, augmente mon IFT. Mais avec des applications modulées de fongicide, ça passe. »
Le seul bémol à son système selon lui concerne la biodiversité. « Au fil des ans, j’ai observé un enrichissement de la faune du sol mais pour les parasites aériens, c’est plus compliqué. » Selon les années, David peut être confronté à une forte pression d’insectes, tels que les pucerons et les cicadelles. Sa mosaïque de cultures n’est donc pas suffisante en termes de régulation. « Le fait d’être passé en ACS n’a pas permis d’améliorer cet aspect », conclut-il.
(1) Paiement pour services environnementaux
(2) Haute valeur environnementale