C’est avec six témoignages que la Confédération paysanne organisait le 26 février 2020 au Salon international de l’agriculture, une table-ronde autour de l’installation agricole des femmes. Un sujet qui fait l’objet d’une enquête lancée récemment par le Fadear (Associations pour le développement de l’emploi agricole et rural) afin d’identifier les difficultés propres au genre rencontrées lors d’une installation et dont les résultats paraîtront au mois de mai.

Manque de reconnaissance

« Lors de mon installation, j’amusais beaucoup, témoigne Josie. Je passais pour une dilettante auprès de mes collègues paysans. » Installée à l’époque avec son conjoint, l’agricultrice explique que c’est surtout la taille de son exploitation et le choix de sa production (fleurs ornementales) qui ont fait sourire ses collègues.

 

Véronique, éleveuse laitière, explique que l’on donne davantage de crédit à son mari. Tous les deux sont installés en EARL et ont le même statut. Pourtant, les banques ont préféré négocier avec son époux. Point commun à toutes les agricultrices, le manque de reconnaissance des organismes para-agricoles pour la gent féminine de la part des fournisseurs, des coopératives et des concessionnaires notamment.

Faire ses preuves

« Au début, il faut faire ses preuves. Aujourd’hui, les portes me sont grandes ouvertes. » [...] « On est obligée de prouver que l’on est compétente », témoignent tour à tour les agricultrices. « Il y a 20 ans, les choses étaient plus difficiles pour le monde agricole féminin. Là, il y a eu un déclic. Une sorte d’admiration de ce que font les femmes », raconte l’une des témoins. « Chez les jeunes, les femmes sont maintenant plus conquérantes et moins complexées », rajoute sa voisine. « Les mentalités ont changé. »

Des difficultés persistantes

Nathalie raconte : « J’ai élevé ma fille en même temps que mon installation. Rien n’est prévu pour ça. Je ne l’ai pas très bien vécu. » Allier vie professionnelle et vie privée peut effectivement rapidement freiner les agricultrices. Une conciliation encore plus compliquée pour celles qui souhaiteraient s’engager syndicalement, faute de temps ou de disponibilité. Pour preuve, la première femme à avoir pris le poste de porte-parole à la Confédération paysanne remonte à 2003 !