Très gourmande en main-d’œuvre, la récolte des asperges pose chaque année un véritable défi de recrutement des saisonniers. En Europe du Nord, il devient quasi impossible de trouver suffisamment de salariés pour réaliser cette tâche très pénible. Plusieurs spécialistes de la robotique se sont lancés dans la mécanisation et l’automatisation de cette récolte. Toute la difficulté de l’exercice est de repérer les tiges dans la butte.

Détecter les asperges

Les plus avancés dans le domaine sont les néerlandais Cerescon et AVL. Le premier est le pionnier de la technique. Un prototype de son robot Sparter a même été testé dans les Landes. Le robot est disponible en version à un, deux ou trois rangs. Il détecte l’asperge enterrée, la coupe, remet la bâche en place et reconstitue la butte. Grâce à ses capteurs, le Spartan mesure l’humidité du sol en continu et collecte des données importantes sur les conditions de croissance des légumes. Pour couper l’asperge, l’unité de récolte du Spartan dispose un cylindre métallique autour de la tige puis l’arrache par préhension.

Premier robot de récolte d'asperges sur le marché, le Sparter de Cerescon utilise un système d'arrachage par préhension. (©  Cerescon)

La seule main-d’œuvre nécessaire est le salarié installé sur la plateforme de tri embarquée. À partir de son écran tactile, il indique à la machine qu’il faut changer de caisse de réception. Il peut également déplacer des asperges d’une caisse à l’autre et commencer un « prétri ». La plateforme peut embarquer jusqu’à 1 220 kg d’asperges. Des doigts placés sur le tapis de convoyage effectuent un premier nettoyage, notamment pour limiter le poids de terre ou de sable sur la plateforme. En effet, le Sparter récupère volontairement une certaine quantité de terre avec chaque asperge afin de limiter les blessures. Des roues en caoutchouc tournent chaque asperge pour lui donner la bonne orientation avant la mise en caisse.

Sécurité assurée

Sur son écran, l’opérateur peut suivre les images de la caméra montée à l’avant de la machine et arrêter le robot si c’est nécessaire. Par sécurité, des pare-chocs placés à l’avant arrêtent l’engin en cas de collision. En option, il est possible d’installer quatre caméras supplémentaires, dont les images peuvent être visualisées à distance.

Le robot AVL est capable de souveler la bâche, récolter l'asperge, reconstituer la butte et remettre la bâche en place. (©  AVL)

Parallèlement, l’autre spécialiste néerlandais AVL débute la commercialisation de son robot AVL Compact S9000. Cet engin qui utilise les mêmes principes que le Spartan s’en distingue toutefois par sa capacité à fonctionner sans aucun salarié et son système de déterrage des asperges. Ce dernier reproduit en effet exactement le même geste d’un salarié, en déterrant puis coupant la tige avec un effet de levier. Le robot est capable de récolter jusqu’à 9 000 asperges par heure. Selon AVL, cet investissement est rentable à partir de 10 hectares.

Des petites unités

Concernés eux aussi par les problèmes de main-d’œuvre saisonnière mais avec de plus petites surfaces à récolter, les Britanniques planchent sur la robotisation de la culture d’asperges avec des unités plus modestes. La start-up de Cambridge Autopickr développe ainsi le robot Gus avec l’objectif de proposer une solution à bas coût pour les exploitations de taille moyenne. Ce robot pèse seulement 45 kg, dispose de quatre roues motrices et sa batterie lui assure une autonomie de 8 à 10 heures. Il repère les tiges grâce à une intelligence artificielle, les arrache par préhension avec son bras robotisé puis charge l’une des deux caisses. Il est ainsi capable d’embarquer 20 kg d’asperges et avertit l’agriculteur par SMS lorsque le chargement est terminé. Autopickr envisage de commercialiser Gus pour la campagne de 2025.

Le robot anglais Gus d'Autopickr ne pèse que 45 kg et récolte un rang à la fois, sur des buttes non bâchées. (©  Autopickr)

Enfin, toujours outre Manche, le spécialiste de la robotique Muddy Machines cherche à développer une plateforme multi-usages pour la culture de l’asperge, capable d’embarquer aussi bien une solution de désherbage mécanique qu’une tête de récolte. Ce robot est encore en phase de test.