Les prélèvements d’eau autorisés pour l’irrigation agricole dans le Marais poitevin jusqu’en 2026 ont été retoqués ce mardi 9 juillet 2024 par le tribunal administratif de Poitiers. Jugés « excessifs » notamment en raison de la création de « mégabassines », selon les termes de leurs détracteurs, les prélèvements ont été réduits d’un quart à titre provisoire.

Une augmentation nette des prélèvements annuels

« Le tribunal et la cour ont notamment considéré que les volumes autorisés étaient excessifs », écrit le tribunal administratif dans un communiqué.

Ils ont également estimé que l’autorisation unique pluriannuelle de prélèvement (AUPP), délivrée en novembre 2021 et ainsi annulée, « avait pour conséquence, du fait de la création de réserves de substitution, dites aussi « mégabassines », une augmentation nette des prélèvements annuels, alors que les nouveaux prélèvements hivernaux servant au remplissage de ces réserves doivent normalement être compensés par une diminution des prélèvements estivaux », ajoute-t-il.

67,6 millions de m³ d’eau pourront être prélevés

Le tribunal a toutefois « délivré à l’établissement public du Marais poitevin (EPMP) une autorisation de prélèvement provisoire, jusqu’à ce que les préfets lui délivrent une nouvelle autorisation » « afin de permettre la poursuite de l’irrigation dans des proportions raisonnables ».

Le volume total annuel de cette autorisation provisoire est de 67,6 millions de m³, contre 87 millions de m³ dans l’AUPP de novembre 2021.

À une semaine des manifestations anti-bassines

Saisi par la même association de la Charente-Maritime, Nature Environnement 17, le tribunal avait déjà annulé il y a cinq ans, pour les mêmes raisons, la précédente AUPP, qui courait jusqu’en 2021. Cette autorisation est délivrée par les préfectures de la Vendée, des Deux-Sèvres, de la Charente-Maritime et de la Vienne à l’EPMP, chargé de répartir l’eau entre les irrigants du territoire, y compris ceux raccordés — ou voués à l’être — à des « bassines ».

Cette décision du tribunal administratif intervient à une semaine d’une importante mobilisation d’opposants à ces retenues, du 16 au 21 juillet. Un « village de l’eau » sera installé à Melle, dans les Deux-Sèvres, près de la « bassine » de Sainte-Soline où des manifestants et les forces de l’ordre s’étaient violemment opposés, à la fin de mars 2023, lors d’un rassemblement interdit par la préfecture du département.