« À l’aller et au retour, les manifestants sont passés à travers champs sur des parcelles de blé, d’orge et de colza. » L’exploitation qu’Arthur Perraud partage avec ses parents se situe entre le campement dressé par les opposants et la réserve de Sainte-Soline (350 habitants dans les Deux-Sèvres). Il a assisté de loin aux « combats » du 25 mars 2023, comme il les nomme, avec les forces de l’ordre. Puis il est allé constater les dégâts. Chez lui, ce sont 3 hectares piétinés qu’il faudra ressemer. Et aussi le raccordement à la réserve, pourtant camouflé sous de la terre et de la paille, qui a été détruit à coups de meuleuse.

Même constat chez James Coyaud dont une parcelle se trouve près de la réserve : « Le colza a été saccagé. Ce sont 2,5 hectares perdus à 100 %. » Au total, une dizaine d’exploitants sont concernés, avec quelque 15 hectares piétinés.

Ramassage des déchets

Les dégâts ont été signalés aux assureurs, qui devraient les indemniser. Les exploitants ont déjà reçu huissiers et techniciens, les premiers pour constater les pertes, les seconds pour en donner une première évaluation. Ils attendent maintenant les experts des assurances. Ils ont aussi déposé individuellement plainte. Celle-ci sera suivie d’une plainte collective par la Coop de l’eau contre les organisateurs du rassemblement. Et il y a aussi tout ce que la bataille a laissé aux abords de la réserve.

« Parapluies, raquettes de tennis [pour lancer des pierres sur les forces de l’ordre, NDLR], sacs de cailloux, boulons, restes de cocktail molotov… », énumère James Coyaud. Plus les restes des LBD (lanceurs de balles de défense), des grenades assourdissantes et des lacrymogènes utilisés par les gendarmes.

Après le rassemblement, une quinzaine d’agriculteurs ont retroussé leurs manches et nettoyé les champs de tous ces déchets. Les opposants aux réserves ont eux aussi ramassé les traces policières des affrontements. Ils sont allés jeudi 30 mars les jeter dans la cour de la préfecture des Deux-Sèvres.