« J’ai transmis à Florian ce qu’il a bien voulu voir, sourit avec modestie Guy Lemmet, éleveur aujourd’hui retraité à Saint-Hippolyte au cœur des Monts du Cantal. Un petit-fils qui, dès l’âge de 4 ans, demandait : « Je veux t’aider papy, qu’est-ce que je fais ? », a donc vu beaucoup de choses.

À 21 ans, BTS agricole en poche, Florian s’est installé sur l’exploitation familiale en 2021 en Gaec avec ses parents, David et Isabelle. 163,5 ha dont 85 ha d’estives abritent aujourd’hui 66 vaches salers allaitantes et 40 laitières montbéliardes. « J’ai toujours voulu être éleveur avec le désir de m’engager dans ce travail entrepris par mon grand-père et poursuivi par mon père et ma mère. Pour ce bonheur de vivre dehors en lien quotidien avec des animaux. Tous nos travaux sont intéressants et différents d’une saison à l’autre. » D’un grand-père attentionné, il retient le goût du travail très bien fait, une conduite rigoureuse et soignée des animaux comme des prairies et du matériel. Le courage d’oser et d’innover aussi.

Florian a tenu dès son arrivée à faire inscrire le troupeau salers au herd-book. Une aspiration confortée par ses stages d’études chez un grand sélectionneur de la race. Il sort aussi des animaux en concours depuis 2016, dont une vache au sommet de l’Élevage en 2021 et cinq animaux au concours national salers en 2022. Guy Lemmet suit de près l’évolution du troupeau familial et cautionne en toute connivence les choix de Florian, également soutenus par son père David. « J’ai la chance de ne pas partir de rien. Nos vaches ont de bonnes origines, avec une bonne production laitière, de bons bassins et de bons aplombs. La qualité des veaux produits par mon grand-père était déjà reconnue à son époque par les marchands sur les foirails. »

Au cordeau et au carré

Une grande complicité lie depuis toujours le petit-fils et son grand-père qui partagent des points communs. L’ordre et la méthode en font partie ! Au point que la rigueur du maître tournerait même à la maniaquerie chez l’élève aux dires des autres membres de la famille. Les ballots sont par exemple rangés au cordeau, cela va sans dire ! « Une de ses professeurs du lycée d’Aurillac avait baptisé Florian « Monsieur au carré » », raconte Guy Lemmet en riant.

Au printemps, la pose d’une cloche à chaque vache et génisse d’un à trois ans, salers et montbéliardes, traduit leur passion commune pour les sonnailles typiques des troupeaux cantaliens. « Nous sommes incorrigibles ! », s’amusent les deux compères qui ne ratent pas une occasion de compléter leur impressionnant trésor de… 170 cloches ! Dûment entretenu et rangé durant l’hiver.  « Nous sommes des gens de la terre, sourient les trois générations réunies autour de la même table pour nous recevoir. Depuis Alphonse, le père de Guy, fermier sur l’exploitation dès 1940, Guy installé en 1968 sur 28 ha, David en 1997 sur 77 ha et Florian en 2021, nous sommes fiers de ce que nous ont transmis nos aînés et de ce que nous laisserons à notre tour. »