« La vocation, c’est le bonheur d’avoir pour métier sa passion », écrivait Stendhal dans « Le rouge et le noir » (1). Ce dossier s’intéresse à la naissance de cette vocation d’agriculteur dans le lien qui unit ceux qui s’installent aujourd’hui avec leurs aînés entrés en activité dans les années 1960 à 1980.
Quel regard cette génération porte-t-elle sur les jeunes ? Elle qui, depuis son enfance, a vu chuter le nombre d’actifs agricoles de 85 % en 65 ans, tandis que celui des exploitations s’effondrait de 83 % !
Avec un saut de génération, des jeunes, qu’ils soient nés ou pas sur une ferme, ont trouvé des modèles auprès de grands-parents, d’oncles et tantes, d’amis ou de voisins bienveillants : un savoir-faire, un mode de vie au contact de la nature, un attachement viscéral à un lieu, une complicité et un soutien sans faille.
« Ici, je me sens bien ! »
« Avant le goût du métier, c’est surtout le goût de ce lieu que m’a transmis mon grand-père. Ici, je me sens bien ! », témoigne Lucas Mialane, installé sur le causse du Larzac à la suite d’Henri.
Avec une vocation ancrée dans l’enfance, la succession d’Alexandre Bouysse sur la ferme de sa grand-mère Danièle, sonne comme une évidence : « J’avais ce métier d’éleveur en moi, dans le corps et dans l’esprit. » Même détermination chez Mathias Mercier qui aime ce mode de vie en extérieur dont il apprécie la liberté et la variété des tâches, des saisons, des vaches… comme ses grands-parents, Daniel et Liliane. De son côté, Florian Lemmet souligne la valeur du patrimoine transmis : « J’ai la chance de ne pas partir de rien. Je poursuis le travail de sélection fait par mon grand-père Guy et mon père. »
Pas de jugement, ni de « c’était mieux avant », chez les grands-parents interrogés dans ce dossier. Plutôt de l’admiration et de la fierté car eux savent combien ce métier, source d’immenses satisfactions, est difficile et requiert de résilience.
(1) Citation tirée du livre « Éleveurs en herbe, éveil d’une vocation » de Monique Roque-Marmeys.