Les présidents de quatre groupes parlementaires du Parlement européen (Renew, PPE, Social & Démocrate et Les Verts — ils représentent 454 sièges sur 720) ont adressé un courrier à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 30 octobre 2025. Ils rejettent en l’état les propositions de la Commission pour le prochain cadre financier pluriannuel (2028-2034) et notamment la mise en place des plans de partenariats nationaux et régionaux (PPNR). Dans ce courrier, qui a été rendu public par l’eurodéputé roumain et vice-président du groupe PPE, Siegfried Murean, également signataire, ils demandent que les négociations s’effectuent à partir d’une proposition amendée et non sur la base de ce qui a été présenté en juillet dernier par la Commission européenne.

Une architecture spécifique à la Pac

Les parlementaires sont contre une Union européenne « à la carte ». Selon eux, la politique de plans de partenariats nationaux et régionaux (PPNR) « va conduire à une fragmentation, une désolidarisation, et le financement de 27 plans nationaux disparates ». Ils réclament des politiques distinctes et des enveloppes de budget distinctes pour l’agriculture et la cohésion, la pêche et le maritime ou encore la politique sociale et les affaires intérieures.

La Pac doit être dotée d’une architecture législative propre, ajoutent-ils. Des « règles du jeu équitables » et un « minimum » de règles communes entre les agriculteurs doivent être préservées. Ils appellent la Commission à soumettre une nouvelle proposition amendée pour le prochain budget et pour l’architecture des politiques européennes et notamment la Pac, ce qui « permettrait aux négociations avec le Parlement européen d’avancer », soutiennent-ils.

La Confédération paysanne salue la position

Dans un communiqué du 4 novembre 2025, la Confédération paysanne « salue la position prise par une large majorité du Parlement européen » et appelle également « la Commission à revoir sa copie en profondeur ». « Les paysans ont donc plus que jamais besoin d’un cadre européen protecteur, stabilisant les revenus, soutenant la transition agroécologique et assurant la souveraineté alimentaire », revendique le syndicat. Il estime que « la proposition actuelle est dans l’incapacité d’assurer ces objectifs ».

« Un message historique envoyé » pour le Copa-Cogeca

Le Copa (organisations professionnelles agricoles européennes) et la Cogeca (coopératives européennes) se félicitent également que les quatre groupes parlementaires rejoignent leur position dans un communiqué du 30 octobre. « Tant sur le fond que sur la forme : la proposition de dissolution de la Pac au sein d’un fonds unique constitue un faux pas historique et une régression aussi inacceptable que dangereuse pour l’avenir de notre secteur et pour la sécurité alimentaire de tout un continent ! » dénoncent-ils. Ils estiment que la présidente de la Commission « ne peut ignorer le message historique envoyé » par les parlementaires avec ce courrier et « que quelques modifications cosmétiques ou un soupçon de budget supplémentaire ne suffiront pas ».

Le Comité européen des Régions pousse dans le même sens. Il a réagi le même jour indiquant que sa coprésidence ainsi que ses membres dirigeants apportent leur plein soutien à l’initiative des quatre groupes parlementaires. Le Comité demande également qu’une « nouvelle proposition révisée » soit mise sur la table par la Commission.