Ils sont « préoccupés », voire « très inquiets ». Les 43 membres de la plate-forme Pour une autre Pac croient déceler un « manque d’ambition » mêlé de lassitude chez les eurodéputés actuellement en train de négocier la Pac. Alors que l’opportunité de réformer la Pac ne se présente qu’une fois tous les sept ans, cette coalition d’organisations paysannes et d’ONG appelle à un « sursaut des députés européens », qui doivent voter entre le 19 et le 22 octobre.
Des idées concrètes pour relever trois défis
Parmi les multiples défis que devra relever l’agriculture, le mouvement “Pour une autre Pac” choisit de pointer trois enjeux, qu’elle relie à des propositions concrètes.
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La souveraineté alimentaire
Le mouvement “Pour une autre Pac” souhaite inscrire la souveraineté alimentaire comme objectif de la Pac, et au nom de laquelle elle demande d’utiliser les aides couplées pour soutenir les secteurs à développer tels que les fruits et légumes frais et les légumineuses. « Il s’agit aussi de lutter contre la précarité alimentaire, en permettant l’accès à tous à des denrées de qualité, plutôt que segmenter le marché et réserver les denrées les plus saines aux plus aisés », insiste Clotilde Bato, de la plateforme.
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La redistribution des aides
Les ONG proposent de redistribuer les aides afin de soutenir les petites et moyennes exploitations. Elles y voient une affaire d’équité (les petites fermes touchent actuellement moins d’aide par actif que les grandes exploitations) et une réponse à la dévitalisation des campagnes. Elles demandent pour cela un plafonnement obligatoire des aides à l’actif, un paiement redistributif également obligatoire pour tous les États membres (sur les 52 premiers hectares en France) et un paiement forfaitaire de 5 000 € pour les plus petites exploitations.
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La transition agroécologique
Pour la plateforme, le troisième défi est la transition agroécologique avec un accompagnement et une rémunération des pratiques jugées « vertueuses ». À ce titre, elle demande de rendre obligatoire pour tous les États membres les mesures de conversion à l’agriculture biologique et les MAEC. Et d’y allouer 30 % au moins des aides du second pilier. Elle demande aussi de rendre obligatoire l’ecoscheme en lui allouant au moins 40 % du premier pilier, et d’y intégrer des mesures liées au bien-être animal.
Mettre la pression sur les députés
La plate-forme “Pour une autre Pac” donne rendez-vous aux citoyens et aux organisations homologues des autres pays pour une campagne qui démarrera en ligne le 12 octobre 2020. Objectif : mettre la pression sur les eurodéputés pour qu’ils se saisissent des enjeux pointés du doigt par les 43 organisations membres du mouvement.
« Il est encore temps de se mobiliser », insiste Mathieu Courgeau, le président de la plateforme “Pour une autre Pac”. « Mais sans pression sur nos élus, on risque de repartir pour 7 ans vers un statu quo ou, pire, une fuite en avant… », estime-t-il.