Les syndicalistes de Sud Recherche élus du personnel au conseil d’administration et au comité social d’administration de l’Inrae ont adressé le 6 juin 2025 au vice-président de la FNSEA, Damien Greffin, une lettre ouverte dévoilée par nos confrères de Contexte. Ils y réagissent aux « déclarations réitérés » du syndicat agricole sur les travaux de recherche conduits par l’institut public.

Les signataires de la lettre listent plusieurs critiques à l’encontre de l’institut de recherche, comme celle de Damien Greffin dans l’émission « 28 minutes » d’Arte du 26 mai 2025 dans laquelle il a déclaré : « On a nos propres instituts de recherche, qui sont beaucoup plus pro-actifs que ne l’est l’Inrae aujourd’hui. L’Inrae est encore si vous voulez sur des grands princeps, ils ne sortent pas des tubes à essai. »

« Vos instituts de recherche, en partie financés par de l’argent public, seraient “beaucoup plus pro-actifs pour la recherche de biosolutions”. Sur la base de vos seules orientations, évidemment ! Refusant une approche systémique qui toucherait le modèle dominant de production agroindustrielle, votre mantra est : “Pas d’interdiction sans solution”. Mais depuis des décennies, la forteresse FNSEA contrôle avec une poigne de fer sa R&D pour tuer dans l’œuf l’émergence d’alternatives techniques dans les champs et les élevages », rétorquent les chercheurs dans leur lettre.

Des changements profonds

Les chercheurs se défendent de ne pouvoir « inventer des solutions de simple remplacement de chaque pesticide interdit dans un système agricole inchangé ». Et d’ajouter : « La réalité montrée par la recherche scientifique, c’est que les solutions pour une agriculture respectueuse de la santé et de l’environnement exigent des changements profonds des façons de produire et de consommer. »

« Nous savons produire mieux sans détruire mais pour cela il faut accepter de produire (un peu) moins, de réaliser un changement et une diversification des pratiques en lien avec des filières plus nombreuses et complémentaires, et de favoriser une consommation alimentaire différente, moins carnée, moins sucrée et moins grasse », complètent les syndicalistes.

Les signataires soulignent par ailleurs la présence de la FNSEA dans les instances de l’Inrae : « Depuis des lustres et jusqu’à la fusion avec l’Irstea en 2020, le conseil d’administration (CA) de l’Inra comptait un ou une représentante de haut rang de la FNSEA […] et un ou une dirigeante des JA. Ces personnes ont TOUJOURS voté les propositions de la direction de l’Inra. […] Et en cas d’absence, elles donnaient pouvoir soit au PDG soit à la PDG, ce qui montre bien la proximité du syndicalisme agricole majoritaire avec les orientations de l’institut. La représentation de la FNSEA au CA de l'Inrae existe toujours, d’une manière plus officieuse, par une présidente de chambre d’agriculture et un président de grande coopérative », se défendent-ils.