« En plus de trente ans, nous sommes passés d’une interdiction d’entreprendre à la reconnaissance dans l’interprofession », s’est réjoui Sylvain Ducroquet, président du Staff (Syndicat des trieurs à façon français, qui regroupe 40 % des professionnels du secteur) le 1er juillet 2021 lors d’une conférence de presse à Paris. Il faisait allusion à l’entrée historique il y a quelques semaines, des professionnels de la semence de ferme dans la nouvelle et neuvième section de Semae, ex-Gnis, l’interprofession des semences. La création de cette section avait été officiellement annoncée en janvier 2021.

 

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Il s’agit d’un grand pas pour le Staff, alors qu’en 1987 un jugement du tribunal de grande instance de Nancy avait condamné la pratique du triage à façon « au motif que le triage à façon constitue une activité illégale de production de semences ». La loi de 2011 sur l’obtention végétale avait ensuite permis d’apaiser quelque peu les tensions.

Pratiques de demain

« Nous avons accepté d’entrer dans Semae et nous y allons de façon constructive. Nous avons plein de choses à apporter », souligne Sylvain Ducroquet, insistant sur la faculté des trieurs à façon de « voir les signaux faibles » dans l’agriculture « qui vont être les pratiques de demain ».

 

« Nous sommes au plus près des besoins des agriculteurs, nous avons une connaissance fine de ce qu’ils testent sur leurs exploitations, complète-t-il. Il y a un bouillonnement d’innovation, et nous sommes les accompagnateurs de ces changements. »

 

Le président du Staff considère cette neuvièmesection (la « diversité des semences ») comme une « section d’accueil », un « sas d’entrée » : « Pour l’instant, on veut voir ce qui s’y fait, mieux connaître la structure. Pour pouvoir ensuite éventuellement entrer dans une ou plusieurs autres sections, comme la section des céréales et protéagineux », explique-t-il.

 

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Cotisation interprofessionnelle

La question du partage du financement de la recherche se pose toutefois, ainsi que celle du financement de l’interprofession : « Ceux qui sont dans la section des céréales cotisent un montant au quintal de semences produites, explique Sylvain Ducroquet. Si on demande pour entrer et qu’il faut donner autant d’euros du quintal qu’on va facturer à tous nos clients, je pense que ça va être compliqué. On ne va pas faire supporter aux paysans un impôt supplémentaire parce qu’on entre là-dedans. »

 

Il reste que pour l’instant, « les membres de cette section ne se sont pas encore réunis », se désole Sylvain Ducroquet. Il souhaiterait aussi que toutes les organisations concernées par la semence de ferme autres que le Staff (Cuma, FNA, coopératives…) viennent autour de la table. On va avoir des synergies pour travailler ».

Observatoire des semences de ferme

Par ailleurs, il souhaiterait que soit constitué un « observatoire des semences de ferme », dont l’objectif serait de connaître plus précisément et de façon non partisane les volumes réels de semences fermières et leur progression par rapport aux semences certifiées. D’après le Staff, ces dernières ne représenteraient plus que 40 % des volumes en blé par exemple, contre 60 % de semences fermières.