Une étude publiée dans le journal scientifique Naturele mercredi 7 octobre 2020 montre que l’augmentation des émissions de protoxyde d’azote (N2O) au niveau mondial menacerait les objectifs climat et ne serait pas compatible avec les objectifs de l’accord de Paris.
Elle a été menée par un consortium international de scientifiques de 48 institutions de recherche dans 14 pays sous la houlette du Global Carbon Project et de l’International Nitrogen Initiative.
Elle conclut que le protoxyde d’azote a augmenté de 20 % par rapport aux niveaux préindustriels, et que sa croissance s’est accélérée au cours des dernières décennies à cause des activités humaines.
L’agriculture, principal moteur de cette hausse
Elle conclut également que l’utilisation croissante des engrais azotés dans la production de nourriture au niveau mondial augmente la concentration dans l’atmosphère du protoxyde d’azote, un gaz 300 fois plus puissant que le CO2 et qui reste dans l’atmosphère plus longtemps qu’une vie humaine.
« Le principal moteur de l’augmentation de la concentration du protoxyde d’azote dans l’atmosphère vient de l’agriculture, et la demande croissante de nourriture et d’aliments pour animaux va encore augmenter les émissions mondiales. Il y a un conflit entre la façon dont nous nourrissons les gens et la stabilisation du climat », estime l’auteur principal de cette étude, le professeur Hanqin Tian, directeur du Centre international pour la recherche sur le climat et le changement mondial à l’École des sciences forestières et de la faune sauvage de l’université Auburn et Andrew Carnegie Fellow.
L’Europe, bon élève
Wilfried Winiwarter, chercheur principal à l’Institut international d’analyse des systèmes appliqués en Autriche et ancien directeur de l’Initiative internationale sur l’azote et de son centre européen, rappelle malgré tout que l’Europe est la seule région du monde qui a réussi à réduire les émissions de protoxyde d’azote au cours des deux dernières décennies. Les politiques industrielles et agricoles ont en effet visé à réduire les gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique. Elles ont permis d’optimiser l’efficacité de l’utilisation des engrais qui se sont avérées efficaces. « Néanmoins, des efforts supplémentaires seront nécessaires, tant en Europe qu’au niveau mondial », appuie-t-il.