Les eurodéputés de la commission de l'agriculture ont appelé la Commission européenne, le 18 février 2025, à élaborer un plan d’action pour maîtriser deux infections bactériennes transmises par une espèce de cicadelle qui menacent la production de betterave sucrière en Europe.

La première maladie, décrite en 1991 en France, entraîne une réduction importante de la teneur en sucre (le syndrome des basses richesses ou SBR) et des pertes de rendements. « Elle s’étend à davantage de pays […] parce que le vecteur qui propage la maladie se diffuse plus rapidement en raison du changement climatique », a expliqué aux eurodéputés Sylvain Giraud, de l’unité végétale de la direction générale de Santé et de la Sécurité alimentaire. La seconde maladie, en plus des pertes de rendement, affecte aussi d’autres cultures telles que les pommes de terre, les vignes ou encore les fraises.

Plusieurs outils législatifs

Selon Sylvain Giraud, la législation fournit déjà un certain nombre d’outils pour contrôler la cicadelle. Il cite par exemple la reconnaissance mutuelle des autorisations entre États membres ou l’octroi d’autorisation d’urgence de certains pesticides pour des situations spécifiques.

« Nous pensons que nous pouvons avoir recours à ce type d’instrument pour faciliter l’accès aux produits qui permettront de lutter contre cet insecte vecteur », appuie Sylvain Giraud. Si les variétés de betteraves sucrières tolérantes à cette bactérie pourraient également être une solution, « à notre connaissance, il n’y a pas de développement particulier à l’heure actuelle », ajoute-t-il.

Plusieurs substances actives autorisées en Europe, dont l’acétamipride, sont efficaces contre la cicadelle. « Il y a donc des pesticides disponibles et les États membres peuvent en autoriser l’usage. Ce sont des décisions qui se prennent au niveau national », a précisé Sylvain Giraud à l’issue des échanges. Il mentionne également la rotation des cultures comme levier de lutte, ou encore la diminution du recours au labour.

De moins en moins de substances autorisées

« Certains pensent que le génie génétique peut nous aider, mais ce n’est pas une réponse. Cela prend beaucoup trop de temps », a estimé l’eurodéputée allemande Maria Noichl (S & D). « Il y a de moins en moins de substances qui sont autorisées et il devient de plus en plus difficile de garantir la santé des végétaux. Je voudrais appeler la Commission européenne à mettre l’accent sur l’autorisation de nouveaux produits phytosanitaires », a insisté l’eurodéputé néerlandais Bert-Jan Ruissen (ECR).

« On ne peut pas nous répéter sans cesse qu’il faut mettre plus de pesticides, ça ne suffit pas. Il nous faut un plan d’action de la Commission pour aider les régions concernées. Nous devons nous attaquer sérieusement au sujet et pas simplement dire qu’on a besoin de quelques pesticides en plus et que cela va résoudre le problème », a pour sa part indiqué l’allemand Martin Häusling (Verts).

Pour l’eurodéputé belge Benoît Cassart (Renew), « les nouvelles techniques génomiques pourraient offrir une solution à ce secteur, mais le nouveau cadre juridique proposé par la Commission européenne tarde à être adopté ».