Les pertes de rendement des céréales à paille dues à la JNO (jaunisse nanisante de l’orge), transmise par les pucerons, et à la maladie des pieds chétifs, transmise par la cicadelle Psammotettix alienus, peuvent atteindre 20 à 30 q/ha, voire au-delà suivant la pression virale et la sensibilité de la culture.

Le premier levier pour limiter les dégâts consiste à réduire le risque d’exposition aux insectes vecteurs. « Il faut éviter les semis trop précoces et commencer les chantiers aux dates recommandées en région », insiste Robin Comte, spécialiste des ravageurs et des techniques de lutte chez Arvalis. En situation exposée à la JNO, il est recommandé de choisir des variétés tolérantes à cette maladie virale.

Vols de pucerons au-delà de 10-12 °C

Une fois les cultures implantées, la vigilance est de mise sur les variétés sensibles, d’autant que l’activité des ravageurs est fortement dépendante des conditions climatiques. « Il convient d’être attentif durant tout l’automne, à partir de la levée, explique le spécialiste. Les vols de pucerons sont permis au-delà de 10-12 °C. Le risque régresse lorsque les températures diminuent. Mais tant qu’elles sont positives, ils continuent leur développement. Si une température inférieure à -5 °C est nécessaire pour les éliminer, leur activité cesse dès 3 °C. » Les cicadelles, elles, sont plus sensibles au froid. Le risque diminue dès les premières baisses significatives de température.

Afin d’intervenir à bon escient, et de façon efficace, il est important de bien surveiller la présence des ravageurs, avec l’aide d’un technicien ou des BSV si besoin. Les plaques jaunes engluées installées au champ permettent de recenser les populations de pucerons ailés et donc d’anticiper le risque d’avoir une parcelle infestée.

Robin Comte est spécialiste des ravageurs et des techniques de lutte chez Arvalis (© Arvalis)

En cas de vols avérés, cela doit inciter à aller observer les populations sur les plantes. « C’est une étape parfois fastidieuse, mais essentielle et fiable pour décider du déclenchement d’un traitement. Les plaques peuvent capturer de nombreux pucerons ailés, de différentes espèces, sans qu’un développement significatif n’ait lieu ensuite dans les cultures de céréales », soutient Robin Comte. De même, la fin des vols ou la diminution des captures ne signifie pas nécessairement la fin des infestations dans la parcelle.

Seuil d’intervention

L’observation doit être faite régulièrement, de préférence par beau temps, sur plusieurs lignes de semis (supérieure ou égale à 5), dans une zone à risque (près d’une haie ou là où il y a déjà eu des foyers de JNO). La tâche est plus compliquée au tallage ou quand le temps est sombre ou pluvieux, car les pucerons sont plus souvent cachés au pied des plantes.

« Le seuil d’intervention en végétation est de 10 % de plantes colonisés par au moins un puceron, ou 10 jours de présence du ravageur », détaille-t-il. En présence du ravageur, un traitement à base de pyréthrinoïdes peut être réalisé. Les différentes matières actives (deltaméthrine, cyperméthrine, lambda-cyhalothrine…) sont équivalentes en termes d’efficacité.

« Contre les pucerons, un traitement suffit dans plus de 90 % des cas, précise Robin Comte. Si la fin octobre et le mois de novembre sont doux, les vols peuvent se prolonger entraînant une réinfestation de la parcelle. Or les produits à base de pyréthrinoïdes ont une persistance d’action limitée, de 10 à 15 jours environ. Il peut alors être nécessaire de réintervenir suivant la pression. » En cas de semis avec des variétés d’orges tolérantes à la JNO, un traitement insecticide est inutile.

Les cicadelles davantage mobiles

Repérer les cicadelles est plus difficile car elles sont davantage mobiles dans la parcelle. Si une forte activité est observée (observations sur 5 endroits de la parcelle faisant sauter devant soi au moins 5 cicadelles pour chaque endroit), il est conseillé de réaliser un traitement insecticide (pyréthrinoïdes également).

« Cette surveillance est à renouveler autant de fois que nécessaire », précise le spécialiste. Si des plaques jaunes sont positionnées dans la parcelle, il est conseillé de réaliser un traitement insecticide dès l’observation d’une trentaine de Psammotettix alienus en suivi hebdomadaire (ou d’une vingtaine de captures entre deux relevés dans le cas d’un suivi bihebdomadaire).