On connaît les effets des légumineuses associées avec du colza ou les cultures associées en agriculture biologique. A priori, les couverts perturbent les ravageurs ou favorisent leurs ennemis naturels. Est-ce le cas avec le blé en agriculture conventionnelle ? Quelle plante privilégier ? Est-ce compatible avec un désherbage chimique ?

Dans la Région Centre-Val de Loire, afin de prévenir les dégâts de virose, plusieurs structures (1) ont étudié ensemble les effets de plantes compagnes. Entre 2020 et 2023, ils ont construit le projet Iciba pour « intérêt des cultures innovantes de blé associé ».

Davantage d’insectes

Après avoir sélectionné les plantes compagnes la première année, en 2021, les agronomes sèment des bandes d’essais (20 m x 60 m), aux quatre coins de la Région. Ils testent le blé avec du pois de printemps, avec de la vesce commune ou avec de la féverole. Pour un meilleur développement, les couverts sont implantés au début de septembre, le blé est ensuite semé en direct, au début d'octobre.

Dans la majorité des essais, les insectes prédateurs sont plus nombreux dans les cultures associées que dans le témoin, en blé seul. Pour les insectes volants par exemple, on retrouve, en 2021, en moyenne par bande d’essai, 16 punaises anthocorides, qui se nourrissent de pucerons, dans les blés-vesce, 5 dans les blés-féveroles, et seulement 2 dans le blé. En 2022, les hyménoptères parasitoïdes sont cinq fois plus nombreux dans les blés-pois que dans le témoin.

Flora Couturier Boiton, du laboratoire d’Eco-entomologie d’Orléans, note également une présence plus importante de la faune terricole. « Les plantes compagnes ont un effet bénéfique sur le nombre de carabes et d’opilions. Néanmoins, ces résultats, très variables d’une année à l’autre, ne permettent pas de conseiller une espèce de plantes plutôt qu’une autre. »

Moins de viroses

Cette population d’auxiliaires plus nombreuse a-t-elle un effet sur le nombre de pucerons et de cicadelles, et sur la transmission des viroses ? En effet, les piégeages montrent des pucerons moins nombreux dans les blés-féveroles et les blés-pois. Les comptages de cicadelles ne permettent pas de conclure. Baptiste Crochet, conseiller à la FDGeda 18 observe des effets en particulier sur la JNO, jaunisse nanisante de l’orge, malgré la faible pression des pucerons les années de l’essai. « Le blé seul semble au moins deux fois plus touché par la JNO que les autres bandes. Et l’association blé-vesce n’a jamais été touchée. Il est possible que l’association des deux plantes protège des fortes attaques. Mais le faible nombre de données observées ne permet pas de conclure statistiquement. »

Si les plantes compagnes favorisent la faune auxiliaire, encore faut-il disposer d’un semoir de semis direct et adapter sa stratégie en désherbage. Faisant suite aux essais, l’équipe de techniciens a pu définir un itinéraire technique complet pour l’association blé-féverole (2). La féverole tolère assez bien le désherbage du blé. Si c'est nécessaire, un glyphosate inférieur à 360 g peut être positionné avant l’implantation de la céréale. Puis, une fois le blé implanté, un désherbage classique de prélevée, voire de postlevée, n’excédant pas 100 g de diflufénican, est possible. Les modes de destruction de la féverole sont précisés dans la fiche technique.

(1) Chambre régionale d’agriculture pilote du projet, Chambre d’agriculture de l’Indre et du Loiret, FDgeda18, Scael, Fredon, l’institut Agro Rennes Angers, laboratoire d’Eco-entomologie d’Orléans.

(2) À retrouver sur le site de la chambre régionale du Centre-Val de Loire.