Dans le Sud-Ouest, les surfaces consacrées au colza d’hiver s’érodent. « La probabilité d’avoir une pluie en août pour semer devient plus hasardeuse, explique Arnaud Micheneau, de Terres Inovia. Des semis plus tardifs augmentent le risque d’exposition aux grosses altises adultes, aussi le colza a tendance à sortir des assolements. »

Terres Inovia teste depuis trois ans une stratégie d’esquive, notamment inspirée de travaux conduits au Maghreb : semer du colza de printemps en automne, après les vols de grosses altises, entre le 20 octobre et le début de novembre. Une technique transposable dans la région, où les températures se maintiennent à l’automne, et où les gros coups de froids sont plus rares.

Charges adaptées

« Notre objectif est de retrouver des cultures de diversification dans les systèmes où il n’y a plus de colza, insiste Arnaud Micheneau. Nous avons ciblé des situations où le tournesol revient trop fréquemment. » Les potentiels du colza de printemps sont plus faibles que celui d’hiver. « Les charges sont donc adaptées. Nous visons une marge économique similaire à celle du tournesol », poursuit-il.

La pression des ravageurs d’automne et les interventions insecticides à cette période sont réduites. Sur le désherbage, les problématiques de dicotylédones hivernales sont atténuées, mais d’autres peuvent se poser, de type crucifère (ravenelle, moutarde par exemple). « Selon la situation, on peut se permettre de tirer à vue en fonction des adventices qui lèvent, et obtenir un résultat intéressant avec des coûts modérés », ajoute l’ingénieur.

La partie relative à la fertilisation est encore à l’étude. L’idée est de viser 130 unités d’azote, pour un objectif de rendement entre 20 et 25 q/ha. « En revanche, le bât blesse sur la protection insecticide de printemps : il faut être vigilant sur les charançons de la tige et les méligèthes », prévient Arnaud Micheneau.

Le colza de printemps ramifie moins que celui d’hiver. Il convient donc de compenser avec des densités plus élevées. « Nous travaillons entre 650 000 et 700 000 graines/ha, indique Arnaud Micheneau. Au regard des densités utilisées, nous privilégions le semoir à céréales, avec un roulage. »

Nouveaux repères

Sur le comportement de la culture, « il faut oublier tout ce qu’on sait du colza d’hiver », rapporte Arnaud Micheneau. Le colza de printemps semé à la fin d'octobre est tout petit lorsqu’il entre en hiver, avec deux feuilles, voire une. Il n’a pas besoin de vernaliser : il ne nécessite pas une période de froid pour enclencher sa montaison et produit des feuilles dès que les températures remontent en sortie d’hiver.

Les floraisons des colzas d’hiver et de printemps sont globalement synchronisées. « C’est l’objectif recherché, car avec une floraison retardée, le colza de printemps est davantage exposé aux méligèthes. Il est aussi plus soumis aux aléas climatiques au printemps, notamment aux épisodes de sec qu’on a connu ces dernières années », détaille Arnaud Micheneau. Les dates de maturité sont proches entre les variétés d’hiver et de printemps, et se récoltent en même temps.