Dans un contexte de prix fluctuants, tant pour les matières premières que pour le lait, la rentabilité de l’utilisation du concentré de production « doit être étudiée par les éleveurs […] afin de ne pas produire à perte », souligne une étude menée conjointement par l’Institut de l’élevage (Idele) et les chambres d’agriculture de Bretagne, et présentée aux dernières Rencontres recherches ruminants (3R).
Deux essais, conduits entre 2011 et 2015 au sein de la station expérimentale de Trévarez, dans le Finistère, ont permis de dégager certaines pistes concernant la nécessité et la simplification de la complémentation des animaux.
Gain économique variable
En moyenne sur les deux expérimentations, l’efficacité du concentré de production (distribué au-delà de la ration de base équilibrée en énergie et azote à 95 g de PDI/UFL) s’est chiffrée à 0,50 kg de lait produit par kilo de concentré apporté, à raison de 3 à 4 kg ingérés par jour et par vache. Et ce quels que soient le stade de lactation, la parité et l’intervalle vêlage-vêlage des animaux.
Sur le premier essai, avec des vaches prim’holsteins supplémentées en début ou milieu de lactation, l’impact sur le taux butyreux (TB) est neutre à négatif, avec jusqu’à – 0,5 g/kg entre les semaines 19 à 31. À l’inverse, les primipares complémentées ont vu le taux protéique (TP) de leur lait grimper de 0,5 g/kg, sans impact du stade de lactation.
Dans le cadre du second essai, où un lot d’animaux a été supplémenté en phase descendante de lactation, les tendances sont similaires. Le TB est inférieur de 1,5 g/kg et le TP supérieur de 0,9 g/kg par rapport au lot témoin. En prenant un prix du gramme différentiel à respectivement 6,6 € et 2,6 € par point pour le TP et le TB, « l’impact économique de la qualité du lait est de + 2,3 €/1 000 litres, l’effet positif du TP se retrouvant atténué par l’effet négatif du TB », projette l’étude.
Ces estimations sur la quantité et la qualité du lait produit en fonction des différentes stratégies mises en place ont conduit les auteurs du projet à conclure que, dans les conditions de l’essai, « la faible efficacité du concentré de production permet d’envisager de le supprimer sans risque économique ni technique (lire l’encadré), dès lors que son prix à la tonne dépasse 75 % du prix du lait aux mille litres en moyenne », de manière à maintenir une marge sur coût alimentaire positive.
Raisonner collectif
Le fait que l’efficacité du concentré de production soit le même quel que soit le stade de lactation permet également de conclure que « les schémas de complémentation peuvent être simplifiés » et pensés à l’échelle du troupeau plutôt qu’à celle de la vache.
D’après les résultats du premier essai, l’apport de concentrés de production induit une réponse en lait quasi immédiate. « La stratégie d’apport viserait alors à répondre à une opportunité ponctuelle de produire plus de lait. »
A. Courty