Sans aucun bâtiment, ni achat d’aliment complémentaire et avec un simple quad pour tout matériel, les herefords d’Anne-Cécile et Pierre-Antoine Courtois, installés à Mésangueville dans la Seine-Maritime sont particulièrement économes. « Comme nous n’avons pas la maîtrise du prix de vente, nous avons réduit nos charges au maximum », expliquent les époux. La bonne gestion de l’herbe dans ce contexte est une priorité. Les exploitants s’appuient pour cela sur la technique décrite par André Voisin (1). « Notre conduite est calquée sur la pousse de l’herbe, ajoutent-ils. Les mises-bas ont lieu en fin d’hiver et début de printemps. À chaque saison, nous devons anticiper la suivante. »
La rotation des lots de bovins sur les parcelles dépend de la pousse de l’herbe
Les lots d’animaux tournent plus ou moins vite sur les pâtures en fonction du rythme de croissance de l’herbe. Au printemps, la rotation sur les parcelles est rapide pour que les animaux ne reviennent pas brouter les endroits déjà pâturés, sinon la repousse est retardée. En pratique, à cette saison, les animaux ne restent pas plus de quatre jours sur le même paddock.
En fin de printemps et à l’automne, les associés prévoient du stock sur pied pour compenser le ralentissement estival et l’arrêt hivernal de la pousse. S’il n’a jamais été nécessaire d’affourager en été, la distribution de foin est indispensable du 15 janvier au 15 mars. Le foin, récolté sur 12 hectares par une entreprise extérieure, au moment où la pousse est la plus forte, suffit à alimenter l’ensemble du troupeau pendant cette période.
Le foin n’est jamais distribué au même endroit
« Nous n’apportons jamais le foin dans un râtelier et jamais au même endroit », signale Pierre-Antoine Courtois. La balle est déroulée, de manière que l’ensemble des animaux puissent manger en même temps. Les dominants n’ont ainsi pas les moyens d’exercer de pression sur les autres comme c’est le cas autour d’un râtelier. L’avantage de ce système, c’est aussi l’absence d’une zone fortement piétinée, voire de bourbier, souvent constaté autour du râtelier.
Le quad joue un rôle essentiel dans cette organisation. Il est équipé d’un système (Kiwi Tech) qui permet d’installer le fil électrique et les piquets sans descendre du véhicule. La pose n’est ainsi pas une corvée. L’équipement, attelé à une dérouleuse sert aussi pour l’affourragement en hiver. « Cette dérouleuse est un modèle autoconstruit, mais nous prévoyons d’en acheter un en Angleterre, car nous n’en avons pas trouvé sur le marché français », explique Pierre-Antoine. L’abreuvement s’effectue grâce à un petit modèle d’abreuvoir (80 litres). Il est ainsi facilement déplaçable pour éviter tout piétinement excessif.
Achat de collier de clôture virtuelle
À la pointe de la technique et pour valoriser au mieux la pousse de l’herbe, le couple a aussi investi dans des colliers de pâturage virtuel. Chaque animal d’un petit lot porte un collier GPS solaire pour à la fois connaître sa position à tout moment et le maintenir au sein d’un paddock (lire La France Agricole du 21 janvier 2022). Lorsqu’il franchit une ligne déterminée sur le plan de l’application du constructeur, un signal sonore avertit l’animal qu’il doit rebrousser son chemin.
S’il continue, il reçoit une décharge électrique, mais cela arrive rarement. « L’outil fonctionne bien, expliquent-ils. Cela nous aide à retrouver rapidement un veau après une mise-bas par exemple. La vache s’écarte toujours du reste du troupeau à ce moment-là, nous pouvons ainsi la repérer facilement. Nous avons toutefois cessé de l’utiliser, car l’équipement coûte cher et il manque de souplesse lors de l’affectation d’un lot d’animaux à une parcelle non contiguë. »
(1) Productivité de l’herbe, disponible aux Éditions France Agricole.