« La perte progressive d’une quarantaine d’hectares nous a forcés à repenser notre conduite d’exploitation », explique Gauthier Hamot, installé depuis le 1er janvier dernier à la suite de son père à Bressolles (Allier), au cœur du bocage bourbonnais. Une stabulation libre sur caillebotis et aire paillée de 94 places avait été construite en 2015. « Le cheptel a progressivement diminué de 40 têtes, un virage déjà amorcé à cause des années de sécheresse et du passage en zone Natura 2000. Nous avons aussi misé sur un système tout herbe en convertissant 15 ha de cultures en prairies et en créant des paddocks pour dynamiser le pâturage. » Un choix que l’éleveur ne regrette pas. « Nous avons gagné en autonomie alimentaire tout en développant la vente de reproducteurs » (voir l’encadré ci-dessous).

Gauthier est désormais à la tête de 137 ha et de 100 mères charolaises inscrites. En parallèle, il est également inséminateur. La période de reproduction du troupeau est concentrée sur six semaines avec 100 % d’insémination artificielle. Les vêlages se déroulent en extérieur au début de septembre. « Nous avons créé 4 paddocks sur la soixantaine d’hectares consacrés au pâturage, expose l’éleveur. Chacun est divisé en 10 à 13 parcelles et dispose d’un îlot central boisé et ombragé où les animaux ont le foin, l’eau et les minéraux à disposition. »

Le changement de parcelle s’opère tous les deux jours. Le potentiel des prairies est bien exploité grâce à une observation quotidienne de la hauteur de l’herbe. « Nous avons avancé la mise à l’herbe à la première semaine de mars, au lieu du début d'avril. Une sortie plus précoce génère une économie en paille et en gazole. » La ration hivernale est toutefois maintenue sur les premières semaines de pâturage pour limiter les problèmes d’avortements.

Fin du nourrisseur au pré

Grâce à ces pratiques, Gauthier constate aussi une diminution des refus et une meilleure richesse floristique des pâtures. Il n’utilise plus d’engrais. La pratique d’un topping consistant à faucher à 7-8 cm les parcelles au troisième tour de pâturage (entre le 18 mai et le 10 juin) rompt le cycle végétatif du chardon et de la grande oseille et favorise la pousse suivante d’herbe.

« Depuis le changement de conduite des pâturages, j’ai gagné 750 kg de concentré par broutard sevré. Je ne laisse plus de nourrisseur au pré pour les lots de vaches suitées de mâles. Les femelles de renouvellement ne sont plus complémentées au pré. » Les quantités du mélange fermier composé de pulpes de betteraves, de céréales et d’un tourteau de lin sont passées de 5 à 7 kg par animal à 1,5 kg avec une distribution journalière. L’éleveur a également cessé le correcteur azoté en hiver. Il se contente désormais d’un flushing (pulpes sèches de betteraves) durant la période de reproduction du 1er décembre au 15 janvier. Les fourrages conservés ont gagné en qualité grâce à une récolte en ensilage préfané réalisée à l’aide d’une autochargeuse.