Le vote pour la censure du gouvernement Barnier le 4 décembre 2024 était attendu et parfois redouté. Avec 331 voix en faveur de la censure, le verdict est sans appel et un nouveau gouvernement devra être nommé dans les jours ou semaines qui viennent. Tandis que les manifestations agricoles se poursuivent sur le terrain, plusieurs organisations agricoles ont réagi à l’entrée dans cette phase d’incertitude.

Du côté des déçus, figure la FNSEA. Son président Arnaud Rousseau qui avait redouté quelques jours plus tôt dans le Parisien une censure qui ferait « repartir de zéro avec un nouveau gouvernement, un nouveau ministre », n’a pas caché ses réserves quant au vote du Parlement. « En votant la censure, les députés ont accepté de sacrifier l’agriculture », a-t-il immédiatement commenté sur le réseau X. « Sans budget, ce sont les promesses qui nous ont été faites qui sont envolées : aides de crise, retraite, simplification » ajoute-t-il.

« Pas d’État qui contrôle dans nos fermes »

Dans un contexte où beaucoup de textes étaient attendus, il enjoint d’ores et déjà le prochain Premier ministre à reprendre le travail. « Dès la première heure de sa nomination, nous attendons que le nouveau Premier ministre garantisse le respect des promesses faites au monde agricole », appelle-t-il. En attendant, Arnaud Rousseau prévient. « Pas d’État pour répondre à nos questions, pas d’État qui contrôle dans nos fermes. À compter de ce soir, aucun contrôleur ne pourra franchir le seuil de nos fermes tant que les promesses ne sont pas honorées », a-t-il prévenu.

Anticipant le vote final, la Coordination rurale s’est, elle, directement adressée au président de la République peu avant le verdict. « Emmanuel Macron doit prendre ses responsabilités sur tout le dossier agricole. Il doit désormais être notre principal interlocuteur », appellent-ils. Aux députés, le syndicat demande « de reprendre dans le projet de budget 2025 qui viendra à être établi de toute façon » ses principales revendications. Avec les élections des chambres d’agriculture en ligne de mire, la Coordination rurale glisse un tacle au syndicat majoritaire. « Contrairement au syndicat sortant qui mobilise tous ses moyens d’influence dans un combat politique en faveur du gouvernement sortant, nous sommes concentrés sur l’intérêt des fermes françaises », attaquent-ils.

Un « coup dur », selon Chambres d’agriculture France

« Ce coup d’arrêt pour la seconde fois en quelques mois dans la mise en œuvre de solutions pragmatiques attendues depuis plus d’un an », a de son côté regretté Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France dans un communiqué. « L’agriculture ne peut pas être l’otage de débats purement politiques », a-t-il ajouté. Citant la suppression de la hausse de taxe sur le GNR (gazole non routier), ou encore des dispositifs fiscaux pour favoriser l’installation, l’organisme est inquiet. « L’interruption brutale des travaux parlementaires met en péril des dispositifs clés qui étaient inscrits dans les projets de budgets », complète le communiqué. Rappelant que les agriculteurs « attendaient avec impatience des mesures fiscales et budgétaires adaptées pour leur offrir un accompagnement efficace ».