Alors que le Premier ministre devrait annoncer de premières mesures vendredi 26 janvier, la colère des agriculteurs ne faiblit pas. Actions symboliques ou coup de poing, les agriculteurs se mobilisent par différents moyens à travers tout le territoire.

Les manifestations se concentrent d’abord sur des actions sur les ronds-points avec des convois de tracteurs bloquant les accès aux autoroutes. Une partie des autoroutes sont d’ailleurs bloquées ce vendredi 26 janvier avec près de 400 km de routes fermées dans le Sud, annonçait Vinci Autoroutes. Dans le département du Rhône, le congrès annuel de la FDSEA, prévu de longue date, s’est même tenu sur les voies fermées de l’autoroute pour maintenir le blocage.

Incendie dans une MSA

Des points de ralliement ont vu naître des feux avec du foin et des bois de palette. Ce vendredi, le bâtiment de la Mutualité sociale agricole de Narbonne a été incendié à cause d’un feu de palettes à proximité immédiate, d’après une journaliste de l’AFP sur place. Il était heureusement vide : les salariés ne s’étaient pas déplacés au vu de l’annonce de manifestations. Le feu a été rapidement maîtrisé par les pompiers.

Dans les villes, certains agriculteurs ont déversé des déchets organiques devant les préfectures ou l’Inspection du travail, dénonçant des contrôles excessifs.

Dans le Lot-et-Garonne, l’un des premiers départements à s’être mobilisé sous la houlette de la Coordination rurale, du lisier a été déversé aux portes de la préfecture d’Agen, mais aussi devant un McDonald’s et une centrale d’achat du groupe Système U. Devant l’Inspection du travail de la ville, c’est un sanglier qui a été pendu à un arbre.

La colère se tourne aussi vers les grandes surfaces. Jeudi dans la soirée, des agriculteurs ont labouré le goudron du parking d’une grande surface de Clermont-l’Hérault (Occitanie). Certains ont également recouvert de peinture des radars routiers notamment près d’Agen.

Dans le Sud toujours, des manifestants s’en sont pris aux camions transportant de la marchandise étrangère. Près du point de blocage de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), des cargaisons de fruits et légumes ont été déversées sur la chaussée jeudi après-midi a observé France Bleu Provence.

Face au déferlement d’actions radicales, « aucune cause ne justifie des dégradations, des violences », appelait le président de Jeunes Agriculteurs (JA), Arnaud Gaillot sur Sud Radio. « Malheureusement, on a aussi des agriculteurs à l’heure actuelle qui sont désespérés », a-t-il relevé. Concernant les débordements dans le Lot-et-Garonne « ce n’est pas sous nos syndicats », s’est justifié le président de JA.

« Laisser faire »

Les services de renseignement auraient d’ailleurs alerté le gouvernement dans une note datée du 24 janvier sur les risques de débordements de la colère des agriculteurs. « L’attente constitue clairement un facteur de désordre qui pourrait conduire à des actions tous azimuts », préviennent les services de renseignement pour qui « les risques de trouble à l’ordre public sont réels. »

De son côté, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a assumé jeudi soir sur le plateau de TF1 de « laisser faire » les agriculteurs, estimant que ces derniers avaient « le droit de revendiquer ».

Des actions symboliques

En marge de ces actions coup de poing, certains éleveurs décident plutôt de mettre à contribution les animaux pour sensibiliser la population. À Draguignan (Provence-Alpes-Côte d'Azur), des brebis ont rejoint le rond-point de la sous-préfecture dirigé par les éleveurs adhérents à la Confédération paysanne du Var.

Des éleveuses sont venues sur les routes accompagnées de leur vache ou de leur chèvre, comme le rapporte une journaliste d’Actu.fr.

Des actions symboliques que certaines mobilisations ont préférées aux dégradations pour faire entendre leurs revendications. À Caen, les Jeunes Agriculteurs ont déposé leurs bottes aux portes de la préfecture du Calvados (Normandie).

En amont des mobilisations sur les routes, des tracteurs appelaient « SOS » sur l’aérodrome de Pouilly-Maconge (Bourgogne-Franche-Comté). D’autres à Neuillé (Centre-val-de-Loire), ont formé un gigantesque « Stop » dans la soirée du 23 janvier. Un message visible depuis le ciel pour espérer être entendu aux portes du pouvoir.