Reprenant un exercice auquel Emmanuel Macron s’est livré à plusieurs reprises, le Premier ministre Gabriel Attal a participé à un débat où la première question a été posée par Bruno Ferret, un agriculteur. Cet arboriculteur maraîcher est venu « partager les inquiétudes du monde agricole », a-t-il expliqué. Il a évoqué plusieurs départs d’agriculteurs à la retraite sur sa commune, mais aussi des « personnes de 30-40 ans qui abandonnent » le métier. « En face, nous n’avons que peu d’installations. »

« Des règlementations illisibles et inapplicables »

Bruno Ferret a d’abord cité de « fortes cotisations pour une retraite indécente à la fin », « des règlementations illisibles et inapplicables sur le terrain » comme les horaires pour les traitements phytosanitaires. Ou encore l’exemple de contrôles par « la police environnementale qui débarquait armée dans nos vergers ».

« Les agriculteurs ne sont pas des bandits, monsieur Attal, ce sont des gros travailleurs. Il y a énormément de choses à rectifier. Il y a une chose cruciale qui nous manque aujourd’hui : la visibilité à long terme. Où veut-on emmener le monde agricole aujourd’hui ? En veut-on encore ? »

« Garantir aux agriculteurs qu’ils peuvent vivre de leur travail »

« On a une grande chance en France, c’est notre agriculture, lui a répondu Gabriel Attal. […] On a malheureusement tendance à entendre dans certains discours politiques des choses qui sont inacceptables. Non, les Agriculteurs ne sont pas des bandits, non les agriculteurs ne sont pas des pollueurs, non les agriculteurs ne sont pas des personnes qui torturent les animaux. […] Les agriculteurs, ils aiment leurs bêtes, ils aiment notre terre, c’est leur outil de travail, et ils aiment leur pays. »

Outre le revenu des agriculteurs et le renouvellement des générations, le Premier ministre a insisté sur la nécessité de « faciliter la vie » des agriculteurs. « Vous l’avez dit, on enchaîne des paperasseries, des formulaires à remplir. Un agriculteur me disait sur une semaine, le nombre d’heures que c’est de remplir des papiers, ce sont des dizaines d’heures, voire plus. Un jour entier, vous dites, à remplir des papiers et des formulaires. Et ça, ça pourrit aussi la vie. »

« Il faut qu’on arrive à simplifier davantage, a insisté Gabriel Attal. Et ça, il faut que vous, vous puissiez nous porter des propositions et que vous puissiez nous dire là, ça ne sert à rien de remplir 15 fois le même formulaire dans l’année. Là c’est plutôt à l’Aadministration de faire le boulot qu’à nous de redire une nouvelle fois ce dont elle a besoin. »

Les distorsions de concurrence

Bruno Ferret a également évoqué le cas des produits phytosanitaire, citant la filière française de la cerise privée de solution face à Drosophila suzukii. Il a aussi évoqué le retrait à la fin de 2024 d’une matière active « qui est le dernier rempart pour le traitement des pucerons et aleurodes en France ».

« Nous n’avons donc plus de solutions fiables, avertit Bruno Ferret. Nous n’avons donc plus de solution fiable pour les cultures de pommiers, de pêchers, de choux, et j’en passe. C’est donc probablement la fin de ces cultures en France, car nos voisins européens sont très loin de ces problèmes 100 % français. […] Il faut absolument nous laisser des solutions. »

Sur ce point, le Premier ministre a, à nouveau, reconnu qu’on « complique la vie de nos agriculteurs, et en même temps on permet l’importation de produits de l’étranger qui eux utilisent ces mêmes produits. C’est incompréhensible. C’est pour cela qu’on s’est beaucoup battu ces dernières années pour ce qu’on appelle les clauses miroirs » dans les accords commerciaux.

Gabriel Attal a rebondi sur le cas de la cerise et du phosmet. « Si on n’est pas réglo sur ces sujets-là, dès lors qu’on a des preuves scientifiques, à la fin le risque c’est la confiance des Français. La décision qui a été prise est d’interdire [le phosmet] en France et d’interdire l’importation de cerises venant de pays qui l’utilisent. Et pour moi, c’est ça la bonne ligne.  »