Quand Sophie Boissier a décidé de changer de métier et de s'installer avec son mari et ses beaux-parents au Pont de Montvert, en Lozère, elle a opté pour les volailles de chair. « Au pied du Mont Lozère, à 1200 m d'altitude, nous avons du mal à être autonomes en fourrages. Il était difficile d'agrandir le troupeau allaitant, qui compte déjà 53 aubracs. Mon voisin arrêtait sa production de volailles. En m'appuyant sur son expérience, je me suis lancée à mon tour et j'ai repris sa clientèle », relate Sophie.
Avec trois cabanes de 60 m², elle produit 3 000 poulets et 1 000 pintades par an, ainsi que 280 chapons et 80 dindes pour les fêtes. Chaque cabane est posée sur une dalle en béton installée sur une terrasse, avec un parcours herbeux attenant. « Chaque dalle couvre la surface de deux cabanes. Entre deux bandes, nous déplaçons ainsi la cabane d'un côté à l'autre de la dalle pour bien nettoyer et désinfecter en-dessous ».
Pas de chauffage
Les jeunes volailles, qui arrivent à un âge moyen de huit semaines, sont déjà bien couvertes de plumes. Bien isolées et paillées, les cabanes ne sont pas chauffées. « Le premier hiver, j'étais inquiète. Mais tout s'est bien passé, il n'a pas gelé à l'intérieur », note la jeune éleveuse.
Poulets et pintades sont élevés ensemble. Sophie leur distribue un aliment fermier associant 80 % de blé local et 20 % de correcteur apportant des protéines, des graines de lin et des minéraux. La fabrique est installée à côté de la stabulation. « Pour monter l'aliment plus facilement jusqu'aux cabanes situées au-dessus, j'utilise une brouette motorisée à chenilles ».
Un hangar abrite la tuerie et la salle de découpe. Pour limiter les besoins en main-d’œuvre, Sophie a opté pour une chaîne d'abattage semi-automatisée. « Avec mon mari et une salariée, nous abattons une centaine de volailles le lundi. Le mardi, nous en découpons une bonne moitié, et le jeudi je les livre sur la Lozère », explique Sophie. Tous les deux mois, elle fait également une tournée sur le Gard et l'Hérault, où elle livre aussi de la viande de bœuf.
« Nous valorisons en direct deux jeunes bovins et quatre à six génisses ou vaches par an. Cela nous aide à amortir l'investissement de la salle de découpe et de la tuerie, de 125 000 € dont 50 % d'aides régionales », indique-t-elle. Pour le terrassement, les dalles et les cabanes, le Gaec a investi 95 000 € dont 40 % d'aides avec un PCAE.
Du fait de l'altitude mais aussi de l'activité des volailles sur les parcours, leur croissance est lente. Avec un abattage à un âge moyen de 150 jours, les femelles pèsent de 1,8 à 2 kg et les mâles de 2,5 à 3,1 kg. Sophie a établi ses prix de vente à 9,25 €/kg pour le poulet et 10,65 €/kg pour la pintade. « J'obtiens une marge de 8 € par poulet entier et de 10 € par poulet découpé », précise-t-elle. L'atelier amène ainsi au Gaec une trésorerie supplémentaire. « Cela nous a bien aidés à acheter du fourrage cette année ! ».