C’est avec le sourire que Michel Mathieu nous présente Kalinka Diem, sa pouliche qui a intégré, comme cinq autres de ses chevaux, le centre d’entrainement de trotteurs de Grosbois (Val-de-Marne), le plus grand en Europe. Cet avocat de l’Aisne nourrit depuis toujours, une passion pour l’élevage de yearlings destinés aux courses de trot. « Mon grand-père était déjà marchand de chevaux, explique ce fils de chevillard. A côté du commerce de bestiaux, papa élevait aussi des bovins sur les 60 ha de pâtures de la ferme. Il a acheté ses premiers chevaux au moment de ma naissance. »

En 1989, après le décès de son père, Michel décide de poursuivre. Depuis, il a réussi à jongler entre sa carrière au barreau de Laon et l’élevage de trotteurs. « Ça ne m’a jamais pesé, mais c’est grâce à mon épouse Pascale, qui leur consacre beaucoup de temps. »

Entendre la Marseillaise

« J’ai eu beaucoup de chance, car le premier étalon que j’ai vendu, Carpe Diem, a un entraîneur de renom, Jean-Etienne Dubois, qui a remporté l’année suivante, le criterium des 3 ans, la plus prestigieuse des courses pour jeunes chevaux, reconnaît l’éleveur. Depuis, cet entraîneur est devenu un ami. » La mère de Carpe Diem, Krille, a d’ailleurs donné naissance à six étalons. « Six étalons, c’est rarissime dans le monde du trot, et même du cheval », précise Michel. C’est ainsi que son élevage a acquis ses lettres de noblesse et qu’il est passé de cinq juments à quinze, aujourd’hui.  

Les poulains de 18 mois sont proposés aux ventes de yearlings de Deauville. Michel garde quelques pouliches et reste propriétaire de certains mâles, en association avec des entraîneurs. « Nous confions aussi une partie de nos poulains à un haras de Normandie, afin de les préparer pour les futures ventes et leur permettre d’être repérés plus facilement par les acheteurs », indique-t-il. Il poursuit: « Mon plaisir est d’être avec les chevaux, les caresser, les voir se développer. Ça fait quelque chose quand un trotteur né chez nous, gagne une course comme le Prix du président de la République, ou lorsqu'on entend la Marseillaise, après qu’un autre remporte le Prix des Géants, l’équivalent du prix d’Amérique, aux Pays-Bas. »

Blandine Cailliez