Philippe Van den Broek parle en choisissant chaque mot. Installé à Feusines, au sud de l’Indre, cet éleveur de porcs de 51 ans a décidé d’agrandir son élevage porcin de 300 à 600 truies, soit 9 000 places à l’engraissement. Et il demande l’augmentation du tonnage du méthaniseur, 250 kW en cogénération, de 29,9 à 47 t/jours pour valoriser tous les lisiers. Aujourd’hui, il emploie 4 salariés et un apprenti.
Malgré un avis favorable du conseil de l’environnement (Coderts), une autorisation préfectorale et le rejet de deux référés en novembre dernier, son projet continue à être attaqué. Un collectif nommé "Non à la mégaporcherie de Feusines-Pérassay", Indre Nature, la Confédération paysanne et la fédération de la pêche de l’Indre, multiplient les actions (pétition, appel aux dons…).
"L’agressivité sur les réseaux sociaux"
Face à ces attaques, pas facile de persévérer. "J’ai été marqué par le revirement politique du maire et l’agressivité sur les réseaux sociaux, précise Philippe Van den Broek. Mais j’ai le soutien silencieux de la population locale et je crois en ce que je fais. Au-delà de l’intérêt économique, c’est un projet de société, de vie en milieu rural. Cette conviction m’aide à tenir."
C'est bien ce choix de société que dénonce la Confédération paysanne de l’Indre dans un communiqué : "Ce n'est pas cette exploitation en particulier qui pose problème (...). Nous dénonçons ce type de modèle agricole industrialisé."
Prendre la parole
Dans ce cas, est-ce à l’éleveur de répondre aux attaques des associations ? Qui doit prendre la parole dans les médias ? "C’est une vraie question, souligne Philippe Van den Broek, administrateur de la coopérative Cirhyo commercialisant ses porcs et président de l’interprofession Ariporc Centre-Val de Loire. Nous sommes paysans, pas communicants. C’est à la filière de s’exprimer. Le mieux serait une structure collective, sans intérêt financier, comme l’interprofession."
Ariporc Centre (2 % de la production nationale de porc) s’est rapprochée des régions voisines, Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes. Mais les discussions sont longues. En attendant, la coopérative Cirhyo, qui compte environ 500 élevages adhérents des Ardennes à la Dordogne, apporte un soutien spécifique à ses éleveurs. Fanny Dumet, conseillère qualité, accompagnera désormais les porteurs de projet via une aide psychologique, juridique et à la communication locale. La coopérative s’attend à suivre 10 à 20 dossiers lors des 4 à 5 prochaines années.