L’utilisation de solutions d’origine naturelle pour protéger les cultures maraîchères est séduisante. Mais est-elle efficace ? Organisée par les chambres d’agriculture de la Bourgogne-Franche-Comté (BFC) et Astredhor Est, dans le cadre du programme régional « Eco’Transfer », une journée a permis de faire le point sur la question des PNPP, les préparations naturelles peu préoccupantes pour l’environnement et la santé.
Sans rémanence, les PNPP sont soit des substances de base (il en existe douze pour le maraîchage et l’horticulture), soit des substances naturelles à usage biostimulant. Les premières (ortie, prêle, extrait d’ail, lactosérum, lait de vache, huile de tournesol…) font l’objet d’une liste fermée disponible sur le site de l’Itab. D’origine végétale, les secondes sont censées renforcer la résistance des plantes. On en compte autour de 12 000 dont l’achillée millefeuille, l’ail, la bourrache, la consoude, ou encore la menthe verte.
Une seule étude scientifique
Exempts d’autorisation de mise sur le marché, ou AMM (1), les PNPP n’exigent pas de Certiphyto. Utilisables après un procédé simple de transformation (infusion, décoction, macération, purin…), en préventif ou en curatif, ils ont un effet fongicide, voire fongicide et insecticide. Leur emploi reste toutefois complexe et leur efficacité soumise à de nombreux facteurs : stade physiologique de la plante traitée, type de préparation, conditions de stockage, dosage et modalités d’application. Le pH de l’eau de pluie et la température peuvent modifier la qualité du produit fini.
« La plupart des connaissances sont empiriques, constate Inès Mahé, ingénieure du réseau Dephy maraîchage à la chambre régionale d’agriculture de la Bourgogne-Franche-Comté. La seule étude scientifique existante en France sur l’efficacité des extraits végétaux a été conduite par le CTIFL », le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes. Elle a combiné une expérimentation en laboratoire sur le mildiou de la laitue et du radis, et des tests au champ sur le sclérotinia de la laitue et le phoma de la mâche. Au champ, aucun produit testé n’a prouvé son efficacité.
Une enquête réalisée auprès de 41 maraîchers français (2) et publiée en 2020 a montré que les PNPP ne constituaient pas une alternative stricte aux produits phytosanitaires classiques. Ils étaient utilisés en association avec du cuivre et du soufre, des produits utilisés en agriculture biologique (bactérie Bt, confusion sexuelle, ferramol…), voire des traitements conventionnels. Des stratégies complémentaires (haies, bandes fleuries, couverts végétaux, apport d’auxiliaires et micro-organismes dans les sols, diversification des variétés cultivées) étaient également déployées.
Les PNPP constituent pour l’instant un outil supplémentaire, pointent Johanna Couraudon (Astredhor Est), Noémie Cadoux (chambre d’agriculture du Jura) et Inès Mahé (chambre régionale d’agriculture de la BFC) . Elles estiment que la base reste le travail du sol auquel il faut entretenir ou redonner une vie microbienne en lui apportant une fumure adaptée.
(1) À l’exception toutefois de certaines huiles essentielles (HE) dont l’usage phytosanitaire a été revendiqué : HE citronnelle de Java, HE de clou de girofle, HE d’orange et de menthe verte.